vendredi 30 juin 2017

Z comme Un drôle de Zigoto !

Dans une généalogie, il y a les individus dont le destin n'échappe pas. Ou très peu. Ceux qui sont nés, mariés et morts aux mêmes endroits, qui ont épousé une fille du coin et ont eu des enfants dans le secteur.

Et puis il y a les zigotos comme je les appelle. Ils ne sont pas très nombreux dans ma généalogie mais c'est vers eux que je concentre mes recherches. Forcément.

Ce sont des zigues dont la personnalité et la psychologie échappent, qui ne suivent pas un chemin tout tracé, qui prennent des rues de traverses et que l'on retrouve par hasard, au détour d'un acte ou d'un article. Des "savonnettes" généalogiques...

C'est le cas d'Emile Jean Jules François Plancard, né en 1887 à Carcassonne et mort à Alger en 1948.

De prime abord, en regardant les documents que je possède sur lui, on peut dire qu'il y a eu un avant et un après guerre de 14...

En 1910 (les références à ces articles sont disponibles à la lettre T), il commet diverses infractions au volant de son automobile. Idem en mars 1914 où il renverse un cycliste à Carcassonne. Il est donc d'un milieu aisé. Il est le fils de Guillaume-Michel, le fondeur qui a peuplé les billets du Challenge AZ.


On voit aussi qu'il est un poil instable : industriel à Cenne-Monestier en 1910 (dans le textile ou dans la chaux), il exercera la même profession mais à Carcassonne en 1913 lorsqu'il se marie à Lavelanet en Ariège... il habite, à cette époque, au 3 rue Antoine Marty à Carcassonne, l'immeuble a aujourd'hui disparu.
Mais en 1912, il reçoit chez lui son cousin, mon arrière-grand-père Gabriel né en Algérie, dans son appartement du 7, rue Raymond IV à Toulouse... il y vit toujours en 1925 lorsqu'il dépose un brevet d'une "claie à ombrer" à l'INPI !

En 1914, lors de son second accident de la route, il est dit négociant à Carcassonne...

Et puis survient la guerre de 1914. L'homme, s'est engagé pour 3 ans au 5e régiment de Chasseurs d'Afrique. Sa profession est alors... fermier agriculteur ! Il fait la campagne d'Afrique de février 1905 à août 1907 en Algérie. Puis passe au 1er Hussards et enfin dans l'armée de réserve avec un certificat de bonne conduite.

En 1912, sa fiche matricule comporte une condamnation civile caviardée puisqu'elle fut amnistié en 1919.

Le 3 août 1914, il est rappelé lors de la mobilisation générale et est versé dans l'artillerie au 9e RA... peut-être a-t-il rencontré le frère de mon arrière-grand-mère maternelle ?
Puis il intègre l'arme du Train. Classé inapte provisoirement pour "endocardite rhumatismale et hypertrophie ventriculaire", des problèmes cardiaques, il est finalement déclaré apte à faire campagne et n'est mis en congé illimité que le 21 mars 1919 date à laquelle il se retire à Carcassonne au 13 boulevard d'Iéna, non loin de la société de son père basée au 5 :



C'est aussi cette année-là qu'il divorce, en novembre, et que la garde de son fils est confié à la mère.
Il est dit représentant de commerce, n'assiste pas au rendu du jugement et est simplement représenté par son avoué.

Sa fiche matricule le localise, sans adresse connue en 1921 dans le secteur de Toulouse puis à Casablanca au Maroc au 34 avenue Mers Sultan.

Il est à Toulouse en 1925, on le sait par son brevet déposé à l'INPI mais il est aussi à partir du 23 janvier 1925 à Casablanca, à la même adresse, où il est dit : négociant en grains !



Faisait-il des allers et retours entre la France et le Maroc ? Peut-être.

Lors du mariage de son fils Maxime avec Andrée Pacot à Nîmes, il est dit "fils de Emile Jean Jules Plancard, disparu". Père et fils n'ont donc plus de contact depuis longtemps.
D'ailleurs, les témoins du mariage sont issus exclusivement du pan maternel de Maxime Plancard : son grand-père Aimé Clanet et son beau-père Alexandre de la Rocca, administrateur des colonies. Rien du côté de l'épouse.

Toujours est-il qu'il meurt à l'hôpital militaire d'Alger (hôpital Mustapha) ville où il réside rue Rovigo.
Le déclarant ignore sa profession et visiblement son nom, puisqu'il est inscrit sous celui de Blancard !

Que faisait-il à Alger ? Nul ne le sait pour l'heure. Mais l'envie de le savoir ne m'a pas quitté.


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