lundi 19 juin 2017

P comme Phylloxera

On le sait. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle le phylloxera, un insecte qui détruit la vigne, s'installe en Languedoc et bien sûr dans l'Aude.

On cherche, souvent de façon empirique, des moyens pour s'en débarrasser.

On emploie alors un solvant très toxique : le sulfure de carbone appelé aujourd'hui disulfure de carbone. On l'injectait dans le sol pour que les émanations du gaz tuent ces pucerons ravageurs.

Dans "Le courrier de l'Aude" du 17 juillet 1887, un grand article paraît sur ce sujet qui préoccupe tous les producteurs de vin. Intitulé "Régénération de la vigne française", il met en lumière le procédé d'un certain M. Mirepoix, viticulteur de la région qui, semble-t-il, a trouvé une solution.

Il dispose de la caution scientifique d'éminents chimistes et propose de dissoudre le sulfure dans l'eau par la vapeur.


Et ça tombe bien, car la maison Plancard, celle de Michel, s'est fait une spécialités des machines à vapeur dans le domaine agricole.

L'ingénieur des Arts et Métiers se lance dans l'aventure et imagine dit-on "un instrument d'une réelle simplicité". Bref : deux cylindre s'imbriquant l'un dans l'autre qui reçoivent le sulfure qui est porté à "une température de sept à huit atmosphère", soit sept à huit fois la pression atmosphérique. Ainsi la combinaison de la pression et de la chaleur permet au produit chimique de complètement se dissoudre. Et c'était là, selon M. Mirepoix, le secret de la réussite.

Un marché donc, que ce traitement de la vigne contre le fléau du phylloxera. C'est ce que développe un article de Claude Marquié dans La Dépêche du 20 avril 2014. Il cite notamment la maison Plancard qui fabrique, avec d'autres, "une grande quantité de soufreuses, échaudeuses et sulfateuses".

On sait que ces traitements sont restés vains. Et que la solution qui est toujours utilisée aujourd'hui, consiste à faire porter la vigne sur des porte greffes de plants américains.

Mais il est toujours agréable de constater l'ingéniosité et l'inventivité de ses ancêtres dans des domaines aussi insolites que celui-ci.

1 commentaire:

Thomas (Généatom) a dit…

Très intéressant. Le domaine acheté par ma famille dans les années 1950 près de Béziers a été l'un des berceaux de l'utilisation du disulfure de carbone (ou sulfocarbonate de potassium) par Mr Teissoniere. Il était député de la Seine, conseiller de Napoléon III et secrétaire général de la Société des agriculteur de France, mais surtout un passionné de la vigne et viticulteur reconnu! Malheureusement, on connait la suite, la greffe est plus simple et plus rentable. Mais j'ai encore des traces de ses écrits et échanges avec les différentes sociétés scientifiques sur ce sujet!