dimanche 19 octobre 2014

Jean Lledo, le marin tatoué...

Il s'est d'abord appelé Jean-Louis puis Jean-Baptiste au gré des souvenirs familiaux.

C'est finalement tout simplement Jean qui s'est imposé. Acte de mariage, fiche matricule et livret de famille à l'appui.

Jean Lledo, donc, a vu le jour à Alger, le lundi 7 mars 1892 sans doute au 7 rue des Jardins. Là où vivaient ses parents : Vincent et Maria de la Concepcion, née Pallares.

Son père, Jean ne l'a pour ainsi dire pas connu. Vincent Lledo, pêcheur de son étatest en effet décédé le 25 septembre 1897 à Alger où il était le 8 décembre 1855, d'un père journalier, Juan Lledo né vers 1804 à Polop de la Marinaune localité de la Province d'Alicante et d'une mère, Francisca Llopis né vers 1819 à Teulada, une ville de la même province espagnole.
Ce couple a émigré entre 1840 et 1855 en Algérie. En effet, Antonio Lledo était né en 1840 à Benidorm. Outre Vincent né en 1855, un frère et une sœur verront le jour à Alger : Françoise en 1858 et François en 1860.

Maria de la Concepcion Pallares
Vincent Lledo et Maria de la Concepcion Pallarès eurent, à part Jean que nous allons étudier tout de suite, un autre fils  : Vincent Louis né à Alger le 19 octobre 1894 et décédé quinze mois plus tard le 11 janvier 1896.

De Jean Lledo, donc, mon arrière grand-père, j'ai plusieurs photos. Dont une, prise à Alger au Jardin d'Essai du Hamma, dont mon père était voisin lorsqu'il était enfant :



Cette homme épousera le 6 janvier 1917 à Alger, mon arrière grand-mère Maria de la Concepcion Salas que je n'ai pas connu, puisqu'elle est décédé à Marseille en 1971, deux années avant ma naissance. Ma grand-mère Irène Lledo, ne l'a pas connu bien longtemps non plus. Jean Lledo étant mort le 24 avril 1935 à Alger alors que sa fille n'avait que 17 ans.

Par la force des choses, je ne connaissais presque rien de lui.

On m'avait dit qu'il avait effectué son service militaire dans la marine, mais sans plus. Jusqu'au jour où une cousine me donne cette photo de lui :


Et puis celle là (le premier en partant de la gauche) :



L'uniforme est bien celui d'un marin et le bachi porte le nom d'un navire : le Saint-Louis.

Tout récemment, les ANOM ont mis en ligne les fiches matricule des soldats des anciennes colonies. J'y ai retrouvé celle de mon arrière grand-père. Une mine d'informations.
J'y ai appris qu'il mesurait 1,62 m et qu'il était, au moment de son incorporation, tatoué sur la jambe gauche. Et que ce tatouage représentait deux lettres : RM. Que signifient-elles ? Nul ne le sait sauf lui. Un amour de jeunesse ? Un sigle ?

J'ai aussi appris qu'il avait été incorporé dans la marine en à compter du 10 octobre 1912. Et qu'après sa formation militaire, il embarque bin sur le croiseur lourd Saint-Louis le 12 novembre 1913 jusqu'au 15 août 1916. Voici ce croiseur de la classe Charlemagne qui éperonna le 8 juin 1912, le sous-marin Vendémiaire qui fut envoyé par le fond avec ses 24 membres d'équipage !

Battleship saint-louis Bougault.jpg
« Battleship saint-louis Bougault » par Alexandre Bougault — ARDECHEPHOTOS. Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Jean Lledo servit donc dans l'armée durant... sept ans.Deux ans de service militaire et cinq années de guerre.

Du 15 novembre 1916 au 29 août 1917, il participe avec le Saint-Louis à la bataille de Salonique avec l'Armée d'Orient. Une permission lui fut accordé pour qu'il se marie en janvier 1917.

Puis il embarque sur le croiseur Waldeck-Rousseau du 24 novembre 1917 au 1er mai 1919 qui naviguera durant toute la Première Guerre mondiale en Méditerrannée. Il subira même une mutinerie du 26 au 28 avril 1919 qui fait partie des "Mutineries de la Mer Noire" en 1919. Jean Lledo était à bord du bâtiment au moment de cette révolte, mais il est peu probable qu'il fut mutin, puisqu'un certificat de bonne conduite lui fut accordé.

Le Waldeck-Rousseau :

Dreanoughts Waldeck Rousseau.jpg
« Dreanoughts Waldeck Rousseau ». Sous licence Public domain via Wikimedia Commons.

Après un passage au dépôt le 1er mai 1919, il part le lendemain pour le Centre d'aviation de Sidi Abdallah près de Bizerte en Tunisie où il reste jusqu'au 1er juillet, date à laquelle il revient Algérie.