mardi 31 décembre 2013

Un bilan... pour l'avenir

Ce n'est pas ici faire le bilan d'une vie, mais d'une multitude qui s'entrecroisent, s'ignorent, s'aiment, se détestent, se perdent de vue, se retrouvent, s’appauvrissent, s'enrichissent, s'éteignent. Elles ont un point commun, celui de se retrouver toutes dans notre arbre généalogique.

Et puis faire le bilan, ça vous a un petit côté comptable ou mandat électoral finissant. Je n'ai jamais été très porté sur les chiffres et encore moins sur les stratégies politiques.

Ce bilan est donc pour moi, une façon d'ouvrir une réflexion sur l'avenir et de préparer le terrain d'une nouvelle année généalogique qui s'ouvre dans quelques heures. C'est pour cette raison que j'ai choisi le dernier jour de l'année pour la publier.

Depuis quelques temps déjà, je suis revenu sur mes premières recherches effectuées lorsque j'avais 16 ou 17. Le constat tient dans le vers de Rimbaud : "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" ! J'ai déjà corrigé plusieurs erreurs grossières de lieux et de dates, mais aussi des oublis. Des erreurs que je ne referais plus aujourd'hui.

Cette année aussi, j'ai décidé d'étudier, pour le côté maternel, les tombes de mon village. Celles-là même qui porte des noms familiers mais qu'on m'avait dit étranger à la famille. Quelle joie de se découvrir des parents, finalement pas si éloignés que ça, aux parcours étonnants notamment outre-Atlantique où certains de leurs enfants ont fait souche.

Cette année a été l'année du Généathème dont le mois de novembre a été consacré à la Première Guerre mondiale. Un moment pour redécouvrir la correspondance de mes arrières-grands-parents fiancés et de la mettre au propre. Une chose en entraînant une autre, l'étude du monument aux morts de ma commune a été source de découvertes sur ma famille.

Enfin, l'une de mes arrières-grands-mères était suisse. Je l'ai bien connue. Cette branche que j'avais laissé de côté a refait surface il y a peu grâce à l'ouvrage "Retrouver ses ancêtres suisses" dans la collection "Archives et Culture".

Des pistes, des recherches, des voies qui s'ouvrent donc après des années de recherches. Des champs d'action pour une année 2014 qui s'annonce généalogiquement forte.

lundi 25 novembre 2013

« La ville de Verdun, inviolée et debout sur ses ruines, dédie cette médaille en témoignage de sa reconnaissance »

A la fin de la guerre. Entre 1919 et 1921, sa famille, comme tant d’autres, a voulu récupérer son corps. De cet épisode, je ne sais pas grand-chose. Juste ce que m’a raconté ma grand-mère. C’est Alfred Doriot, mon arrière grand-père, l’époux d’Alice, lui aussi meurtri dans sa chair pendant le Premier Conflit mondial, qui y est allée en compagnie de Maurice, le père de Georges Graff. Sa mère était décédée depuis plusieurs années déjà.

Je sais qu’ils ont trouvé la tombe. Que quelqu’un a creusé et qu’ils ont ouvert le cercueil de bois. Le corps n’était plus identifiable. Restait sans doute sa plaque de poignet et ses chaussettes qui avait été envoyée par sa mère et sur lesquelles elle avait fait broder ses initiales : GG.

Le corps a été transporté comme les autres : par le train. Dans ces immenses convois funéraires de l’après-guerre. Destination Montbéliard et le cimetière du Haut où il repose toujours à côté de sa mère et de son père. Tous les ans le même cérémonial : nous allions déposer des fleurs le jour de la Toussaint sur cette tombe. Et puis, le temps a passé.

(La tombe au cimetière de Montbéliard)

(Détail)

Pris dans le tourbillon de la vie, j’avais laissé cette histoire dans un coin de ma tête. En 2000, mon activité professionnelle m’a amené du côté… de Verdun. Tout m’est revenu en mémoire et je suis allé très vite à Béthelainville. Un pèlerinage en quelque sorte.

Rapidement aussi, je suis allé faire un tour dans la crypte du Monument A la Victoire, situé au cœur de la ville de Verdun et situé à deux pas de mon travail. Dans ce saint des saints sont conservés les fiches nominatives des soldats ayant participé à la bataille de Verdun. J’ai cherché Georges Graff. En vain. Le gardien du lieu m’a demandé si ce soldat était titulaire de la médaille de Verdun. Je n’en savais rien. Je savais juste qu’il avait reçu la médaille militaire à titre posthume. S’il ne l’avait pas, je pouvais la demander pour lui auprès de l'association "Ceux de Verdun". Charge à moi de prouver qu’il avait participé à la bataille.

Ce que j’ai fait.

(La médaille de Verdun)

Quelques temps après j’ai reçu une lettre contenant ladite médaille et un diplôme signé du maire de Verdun et de trois associations : « On ne passe pas », « Ceux de Verdun » et la « Commission du Livre d’or ». Il y est aussi inscrit un extrait de la délibération du conseil municipal de Verdun du 20 novembre 1916 : « Aux Grands Chefs – Aux officiers – Aux soldats - A tous héros connus et anonymes, vivants et morts, qui ont triomphé de l’avalanche des barbares et immortalisé son nom à travers le monde et pour les siècles futurs, la ville de Verdun, inviolée et debout sur ses ruines, dédie cette médaille en témoignage de sa reconnaissance ».

Désormais, le nom de Georges Graff figure sur une fiche dans la crypte du monument A la Victoire et son nom est inscrit sous le n° 197.344 dans le Livre d’Or conservé dans le musée attenant aux salons d’honneur de l’hôtel de ville de Verdun.

lundi 18 novembre 2013

« Oh mon enfant, ne t’expose pas inutilement »

Georges Graff aussi a laissé quelques lettres et cartes derrière lui. Toujours laconique et ne donnant que très peu de détails. Il embrasse ses sœurs et ses parents, dit que tout va bien. Il laisse un petit carnet noir dans lequel il a consigné les premiers jours de sa mobilisation et les adresses de ses amis.

En février 1916, deux lettres sont parvenues jusqu’à moi : l’une de sa sœur Alice datée du 24 février : elle lui explique qu’elle a reçu les photos de famille et une où il est seul.

(La photo de la famille au complet prise à Montbéliard fin 1915 ou début 1916 ainsi que le portefeuille de Georges Graff troué d'un éclat d'obus)

« Surtout, soit toujours bien courageux et ne te laisse manquer de rien », ajoute-t-elle. Puis elle mentionne son futur mari, mon futur arrière grand-père : « Doriot doit être de tes côtés, il m’a écrit hier en me disant que peut-être il te verra. Lui aussi est de la partie, vous n’êtes pas exempts, tous les deux, car chaque fois qu’il y a un coup, vous en êtes ».

La lettre la plus émouvante est datée du 29 février 1916, le jour de sa mort. Elle émane de sa mère : (…) Oh mon enfant, ne t’expose pas inutilement. Je sais que tu feras ton devoir et je ne voudrais pas t’en empêcher par mes plaintes car je crois que Dieu te protègera, crois-le aussi cher Georges et tu sortiras vainqueur de tout ce vilain cauchemar »...

(Suite et fin au prochain billet)

lundi 11 novembre 2013

« Je crois que la mort me guette »

D’autres détails sur la mort de Georges Graff sont donnés par Raymond Cuvillier dans une lettre du 14 avril 1916.
On y apprend que le camarade avec lequel il était à Bethelainville et qui s’en sortit miraculeusement s’appelait Brand. Ce dernier « fit transporter Georges, qui avait été tué sur le coup, à l’ambulance où, en présence du major, il procéda à l’inventaire de ses affaires personnelles. Il s’occupa de la sépulture et fit le nécessaire que nécessitait cette triste circonstance. Il revint ensuite à la batterie où il nous apprit le malheur qui était arrivé. Nous fîmes tout notre possible pour aller le revoir ou assister à son enterrement mais aucune autorisation ne nous fut accordée en raison de la bataille qui était acharnée. Depuis ce moment, notre seul désir était d’aller revoir sa tombe et lui porter notre dernier adieu. L’autorisation nous a seulement été accordée il y a quelques jours ».

Emouvant, ce témoignage se poursuit, encore plus fort : « Nous ne voulûmes pas laisser partir notre cher camarade sans déposer sur sa tombe une preuve de notre amitié. Tous ses camarades de la batterie se sont cotisés et avec la somme de 80 F que nous avons recueillie, nous avons jugé à propos d’acheter une superbe couronne de fleurs artificielles de 30 F. Nous sommes allés le 11, moi, Métin et Brand, les déposer sur sa tombe ».


Agrandir le plan
(Localisation de la commune de Béthelainville)

Dans le petit cimetière de militaires qui se trouve à l’entrée de Béthelainville, il nous fut facile de retrouver sa tombe qui se trouve à peine à 100 mètres de l’endroit où il fut tué. Malgré que nos cœurs soient bien durcis par cette guerre, l’émotion nous gagna en nous retrouvant en présence de notre cher ami. Quoi que très matin, nous avons jugé bon de prendre une photographie de ce cher endroit et de vous l’envoyer comme souvenir (…) la couronne portait cette inscription : A notre regretté camarade, la 8e Batterie su 144e d’Artillerie Lourde », Métin tient la couronne. La photographie n’est pas très grande. Elle est faite pour être regardée dans un stéréoscope ».

L’épreuve photographique ne m’est pas parvenue, mais j’ai du la voir en regardant, enfant, les vues stéréoscopiques dans l’appareil de bois de mon arrière grand-mère en collant les lentilles de verres à la fenêtre du salon.

On en apprend encore davantage en lisant une lettre de ce fameux Métin, Émile de son prénom. Celui-là même qui tient la couronne mortuaire. Dans sa lettre du 31 mars 1916 il écrit : « (…) d’une commune entente avec Cuvillier, nous avions décidé d’écrire d’abord au pasteur (la famille est protestante luthérienne) pour vous préparer à une grande douleur. Ensuite, il nous a écrit afin que vous ayez plus de détails sur un aussi grand malheur ». Plus loin, il dit : « Il avait un caractère si gai que jamais on avait l’ennui. Il me disait un jour : je crois que la mort me guette, il avait passé près bien des fois. Quelques jours auparavant son dernier jour, un obus boche était tombé à cinq mètres de lui. La force de l’explosion avait été si forte, c’était un 380, qu’il avait été couché par terre avec violence, tous les éclats lui avaient passé au-dessus du corps et il n’avait reçu aucune blessure, il avait bien reçu une commotion. Quelques minutes après j’étais heureux de pouvoir lui serrer la main, il me racontait l’anecdote en souriant. Il a fallu que ces brutes, nos ennemis, nous l’enlèvent, nous séparent pour toujours de lui. On ne peut comprendre comment la vie est faite en ce monde ».

Un autre de ses camarades, un nommé Eugène Batey souligne : « (…) notre tour est peut-être prochain. Malgré cela, nous rassemblons toutes nos énergies pour le venger glorieusement ».

Je terminerai par la lettre des parents de son ami Raymond Cuvillier. Le couple vit en Haute-Marne à Fresnes-sur-Apance. Le 27 mars 1916, ils envoient une lettre aux parents de Georges Graff : « C’est avec la plus grande peine que nous venons d’apprendre la mort de votre fils bien aimé tombé glorieusement au champ d’honneur sous les murs de Verdun. Quel sublime sacrifice ! Donner sa vie à vingt ans pour défendre les siens. Pauvres enfants que ne devons nous pas à leur cher souvenir (…) Comment, pauvres parents, vous donnez une consolation ? Je ne puis que vous envoyer quelques mots d’encouragement en pensant que Georges est tombé pour vous : pour nous tous et que ses amis l’ont déjà vengé et le vengeront encore ». Après le mot de Jules Cuvillier, voici celui de son épouse et mère de Raymond, toujours dans la même lettre, qui s’adresse à la mère de Georges : « (…) Je puis vous dire que j’aimais votre fils car mon grand Raymond en tenait tant d’estime. Mon père, âgé de 78 ans s’est trouvé mal en apprenant la nouvelle (…) Je termine les larmes aux yeux, en vous embrassant bien fort pour votre cher fils chéri ».

mercredi 6 novembre 2013

« La mort a été instantanée »

J’en ai donc appris davantage sur la mort de Georges Graff lorsque l’on m’a donné un petit sac de toile de lin qui contenait une foule de documents personnels. Ceux-là mêmes qui ont été retirés de sa dépouille le jour de sa mort. Il y avait un petit portefeuille de cuir rouge au travers duquel était visiblement passé des éclats d’obus. Les papiers qu’il contenait étaient également troués.


Avec émotion j’ai déplié les papiers. J’en avais la chair de poule. J’y ai trouvé une photo de ses parents et des lettres de ses sœurs. A côté, il y avait un petit carnet avec les noms de ses camarades et un journal qu’il avait tenu depuis sa mobilisation. Il y avait aussi une chevalière d’aluminium qu’il avait lui-même réalisée et où étaient gravée ses initiales : GG. Il la portait à l’annulaire de la main gauche, comme une alliance. Je l’avais vu sur le portrait de chez mon arrière grand-mère.

(Le portefeuille de Georges Graff troué d'un éclat d'obus)

Et puis il y avait sa dernière lettre du 13 janvier 1916 écrite de Sivry-sur-Ante (une localité de l’Argonne marnaise) écrite à la mine de plomb sur ses genoux. Il y avait aussi les lettres de ses camarades écrites à sa sœur Alice. Dans ces lignes qui m’ont tiré des larmes, j’ai appris, dans les moindres détails, comment il avait trouvé la mort.

« Voici les circonstances dans lesquelles notre regretté camarade a été tué », écrit le 28 mars 1916, un certain A. Voisard, camarade de Georges Graff. « Un canonnier de la batterie ayant été commandé pour une corvée à Béthelainville, mon ami Georges, qui se trouvait de repose cet après-midi là, eu la très regrettable idée de vouloir l’y accompagner. Depuis le début de la bataille de Verdun, les Allemands bombardent les pays par intermittence tel que Béthelainville qui se trouve à l’arrière comme bien d’autres également. Ils se servent pour cela de leurs pièces de 190 mm dont on n’entend en aucune façon l’arrivée de l’obus, tellement elle est rapide et c’est malheureusement par surprise qu’il a été touché. Vous pouvez être certaine mademoiselle, qu’en aucune façon il a souffert, la mort a été instantanée. Son camarade qui se trouvait à côté de lui n’a absolument rien eu, le destin, en de pareils cas, vous est fatal. Il a été enterré dans un petit cimetière de Béthelainville par les soins de l’infanterie et tout ce dont il était porteur a été remis aux soins de l’autorité militaire. Vous trouverez facilement sa tombe plus tard, d’autant plus que la batterie lui a fait une croix sur laquelle ses inscriptions sont soigneusement gravées. Quant à ses affaires personnelles courantes, son ami Cuvillier vous renseignera à ce sujet ».

Son ami Cuvillier, c’est Raymond Cuvillier, qui accompagna chacun des périples des sœurs Graff (elles étaient quatre au départ) sur les traces de leur frère. Je ne l’ai pas connu. Il est mort en avril 1973, quelques jours seulement avant ma naissance… Je me souviens seulement de l’enterrement de son épouse quelques années plus tard dans le petit village de Fresnes-sur-Apance en Haute-Marne.

Raymond Cuvillier a écrit deux lettres aux parents de Georges Graff : Marie Virginie née Amstutz qui décèdera de chagrin en 1918 et Maurice Graff.

La première est datée du 30 mars 1916. Elle est très formelle : « Hélas oui madame, nous avons pleuré votre cher fils et nous le pleurons encore. Nous ne pouvons nous faire une idée qu’il n’est plus et pour moi particulièrement la réalité est dure. Je crois à certains moments entendre sa voix, le voir arriver souriant comme il l’était toujours et ma plus grande peine arrive le soir, lorsque je retrouve sa place vide à mes côtés. Nous étions ensemble depuis octobre 1913, nous ne nous étions jamais quittés et je ne vous répéterai jamais assez que votre fils était un modèle de fils et de soldat. Son courage était tel qu’il se moquait complètement du danger ».

Il est précisé qu’il est mort à l’entrée du village à 100 mètres du cimetière où il est enterré. Qu’il n’a pas souffert et qu’il tenait à la main sa blague à tabac.

Raymond Cuvillier reviendra tous les ans en pèlerinage sur ces lieux qui l'ont marqués à jamais…
(La suite au prochain billet)

vendredi 1 novembre 2013

Son portrait, je l’ai toujours vu dans le petit salon de musique

« J’habite à Verdun ». Quand on prononce ces mots, personne ne vous demande où la ville peut bien se situer. Les images de la Première Guerre mondiale sautent au visage de votre interlocuteur. La silhouette de l’Ossuaire de Douaumont se profile au milieu d’une forêt de croix blanches. Puis viennent en tête le fort de Douaumont et celui de Vaux. Et puis le pigeon du commandant Raynal parti de ce dernier bastion au plus fort du déluge de feu et d’acier.

Je ne suis pas originaire de cette ville, ni même du département de la Meuse où l’agglomération de 20.000 habitants trône au beau milieu. Ma vie professionnelle m’y a conduit. J’y réside depuis avec bonheur.

J’écrivais dans un précédent billet qu’il n’y avait pas de hasard… surtout en généalogie. Car Verdun n’était pas une inconnue pour moi. Loin de là. Depuis ma plus tendre enfance j’y suis venu au moins une fois par an. Avec mes grands-parents Liliane et Henri, mon arrière grand-mère Alice et sa sœur Hélène. Car elles aussi Verdun elles connaissaient bien.

En effet, leur frère Georges Graff, né le 8 juin 1892 à Beaucourt, alors dans le Haut-Rhin et aujourd’hui dans le département du Territoire de Belfort, a été tué le 29 février 1916 à Béthelainville, un petit village de Meuse, au tout début de la Bataille de Verdun.

Son portrait, je l’ai toujours vu dans le petit salon de musique chez mon arrière grand-mère Alice. Il était accroché à droite du piano et au-dessus d’une armoire contenant, entre autres, un stéréoscope de bois et des plaques de verre représentant des scènes de la Grande Guerre.

De fines moustaches, les bras croisés et l’uniforme du 114e RAL, un régiment d’artillerie lourde qui avait pris position sur la rive droite de la Meuse.


Georges Graff faisait partie du 3e Groupe du 114e RAL qui « fut formé le 17 juillet 1915 avec la 5e batterie bis du 9e régiment d’artillerie à pied et la 51e batterie du 13e régiment d’artillerie de campagne, et placé sous les ordres du capitaine Bourboulon », est-il noté dans l’historique du 3e Groupe du 114e RAL.

En effet, Georges Graff était avant le 114e RAL soldat au 9e RAP. Après la Bataille de Champagne à l’automne 1915, le 3e Groupe du 114e RAL quitte le front de Champagne au début de 1916 « et est envoyé à Verdun où l’on prévoyait une attaque importante de la part des Allemands. Mis en position sur la rive gauche de la Meuse, dans la région du fort de Bois Bourru, il occupa des emplacements hâtivement construits, sans abris de couchage à l’épreuve. Le personnel eut à exécuter, jour et nuit, pendant la phase critique de l’attaque allemande, des tirs intenses pendant lesquels il fut soumis, à plusieurs reprises, à des bombardements violents d’obus de gros calibres ».

Voilà pour la partie administrative. Mais comment est réellement mort Georges Graff ? C’est la question que j’ai posée plusieurs fois étant enfant. La réponse était invariablement la même : il était de repos mais avait tenu à accompagner un camarade de corvée d’eau. Un obus est tombé à ses pieds et l’a décapité.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai eu d’avantage de détails. (La suite au prochain billet)

mercredi 16 octobre 2013

La Légion d'Honneur du sapeur-pompier

C’est une photo en noir et blanc que j’ai retrouvée dans un album appartenant à ma grand-mère maternelle. Une photo avec ce petit texte manuscrit : « En souvenir de mon parrain qui aurait été heureux d’être là », une date : « 13 - 7 – 1946 » et signé « Frédéric ».


Au départ, je ne connaissais que le personnage de droite : il s’agit du lieutenant-colonel Frédéric Curie (commandant à l’époque de la photo) des sapeurs-pompiers de Paris, oncle par alliance de Liliane ma grand-mère maternelle et beau-frère de mon arrière grand-mère Alice, puisque cet homme avait épousé sa sœur en 1928 à Lyon. Frédéric Curie était aussi le filleul de mon arrière grand-père Alfred Doriot, l’époux d’Alice, et en même temps son petit-neveu puisque fils d’Anna, la sœur de son père Charles (le chef de musique) !!!!! Un bel embrouillamini généalogique.

Frédéric Curie a été un grand résistant français. Résistant de la première heure, il a été emprisonné 15 mois par les Allemands après son arrestation en août 1940. Il fut le fondateur du seul groupe de résistance des sapeurs-pompiers de Paris : Sécurité Parisienne qui fit les beaux jours de la Libération de Paris.

Après la guerre, il fut juré militaire au procès d’Otto Abetz, l’ex ambassadeur du Reich en France. Et surtout le fondateur de l’école nationale des sapeurs-pompiers ainsi que du groupement hélicoptère de la sécurité civile dont les hélicoptères jaunes et rouges sillonnent le ciel en cas de catastrophe.

Bref : le héros de la famille.

Si bien que plusieurs publications le concernant sont nées dont la dernière écrite en collaboration et éditée par la Mairie de Paris.

Un site internet biographique a même vu le jour. J’en ai écrit les textes. Il est disponible en cliquant ici.

Pour revenir à cette photo, en zoomant un peu, on s’aperçoit que la médaille est une Légion d’Honneur. Tout à droite sur sa poitrine se trouve la médaille commémorative de 39-45 et au centre (on ne la voit pas, mais je le sais) est épinglée une croix de guerre ornée de deux palmes ainsi que la médaille de la résistance avec rosette.

Je conserve précieusement ces décorations dans une boîte un peu spéciale. Elle a été réalisée en camp de prisonniers par un autre soldat, un de ses amis d’enfance à qui il a donné, de retour en France, ces boîtes qu’il avait réalisé de ses mains.

Le décret du 7 mai 1946 le faisant chevalier de la Légion d’Honneur stipule : « Officier d'un allant et d'un cran remarquable qui a fait preuve pendant toute la durée de l'occupation du plus ardent patriotisme et d'une confiance inébranlable dans la victoire des Alliés. A entrepris, sitôt la liberté recouvrée, l'organisation de la résistance au Régiment de Sapeurs- Pompiers. Travaillant dans l'ombre, inaccessible à la crainte comme au découragement, a réussi à mettre sur pied l'effectif d'un bataillon de volontaires dont l'action, au cours des combats de la libération de Paris, a fait l'admiration de tous. Agent recruteur et actif d'un réseau de renseignements, a, par ailleurs, accompli au péril de sa vie de nombreuses missions individuelles de la plus haute importance ».


L’homme qui lui épingle la médaille n’est autre que le tout nouveau préfet de police de Paris Charles Luizet. Ce Compagnon de la Libération a demandé, le 20 août 1944 au réseau Sécurité Parisienne de prendre le commandement du régiment de sapeurs-pompiers de Paris.

Et dans le texte, on lit que Frédéric Curie aurait bien voulu avoir à ses côtés, dans ce glorieux moment, son parrain (mon arrière grand-père Alfred Doriot) qu’il affectionnait particulièrement. Seulement voilà, cet ancien combattant de 14-18, gazé durant le combat est mort d’une crise d’angine de poitrine le 26 février 1945 à 57 ans.

Encore une chose si je possède toutes les archives et objets, je lui dois aussi mon prénom...

jeudi 3 octobre 2013

La photo de Charles Doriot : en avant la fanfare !

Je n’ai que très peu de photos de la famille Plancard. Et elles ont toutes été publiées dans ce blog.

Alors, pour ce thème photographique, j’ai choisi plusieurs images tirées de la généalogie de ma famille maternelle. Originaire du Doubs et plus précisément du village d’Etupes, ces familles Rigoulot et Doriot, ont laissé une foule de clichés. Mais vous verrez dans un prochain billet que les Doriot d’Etupes, par un grandiose mystère, vont émigrer en Algérie et venir s’allier à d’autres familles qui vont, à leur tour se lier à des Plancard. Redoutable !

Pour commencer, j’ai choisi Charles Doriot. Le grand-père de ma grand-mère maternelle. Cette photo, encadré et de grand format, est accrochée au mur de mon bureau. Il est en uniforme, mais les lyres musicales ont remplacé les flammes de l’artillerie :


Pourtant, né le 14 février 1860 à Etupes, ce fils de Pierre Frédéric Doriot, aubergiste et paysan né en 1835, n’était pas prédestiné à se distinguer particulièrement. Sauf que, sa passion pour la musique se fit, chaque jour, plus dévorante.

Et c’est l’armée qui en sera le catalyseur. Engagé volontaire le 12 mars 1881, il exerce ses talents de musiciens au 5e RA. De retour dans ses foyers en 1885, il repart presque immédiatement aux USA, à Philadelphie, où il passe quelques mois chez un cousin parti quelques années plus tôt. Il traverse l’Atlantique avec un cousin et une cousine, tous nés à Etupes. Si les deux garçons vont rentrer, la jeune fille, Marie-Louise Doriot, elle, y fondera une famille dont les descendants s’intéressent à leur généalogie française… Nous y reviendrons dans un prochain billet.

Lors de son retour en France, il épouse, fin 1886 Emma Parrot qui mourra en 1895 de la fièvre typhoïde. Elle aura le temps de lui donnera deux fils : Julien décédé à un mois en août 1887 et Alfred, mon arrière grand-père né en 1888. Le portrait d’Emma (si dessous), est placé juste à côté de son mari. Là aussi, nous y reviendrons prochainement.


1886, c’est aussi pour Charles Doriot, l’année de la fondation de « SA » fanfare. La Fanfare d’Etupes, société musicale qui existe toujours et dont un membre de la famille, jusqu’à ma grand-mère Liliane (saxophoniste et pianiste émérite), était toujours présent sur les rangs.

Cette fanfare, il la voulait excellente. Il voulait qu’elle soir la meilleure. Infatigable travailleur, il forma lui-même une foule de musiciens. Dotée d’un règlement militaire (les retardataires aux répétitions devant s’acquitter d’une amende !), la société se mua en machine de guerre ! Il testa la testa d’ailleurs dans des concerts locaux avant de la faire jouer dans la cour des grands, en France comme à l’étranger.

Son heure de gloire arriva le 25 juillet 1926 à Paris où la formation rafle tous les premiers prix, dont celui de direction. On dit même dans la famille qu’elle devança à cette occasion la fanfare de la Garde Républicaine. La fanfare d’Etupes passe alors en Première Division, le Graal des formations musicales.

La formation en 1926 (Charles Doriot est assis au centre. Il tient sa baguette sur les genoux) :


Comme à chaque fois, la commune d’Etupes dressa un Arc de Triomphe aux héros en plein cœur du village. Comme ici au début du XXe siècle :


Charles Doriot, qui dirigera cette fanfare jusqu'au bout, décédera le 19 novembre 1931 et sera inhumé, ça ne s’invente pas, le jour de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens !

Son souvenir reste très vivace dans la famille.

En effet, pour le Centenaire de la fanfare d’Etupes, une cérémonie est organisée par ma grand-mère, autour de la tombe de Charles Doriot. C’était en 1986, une lyre de fleurs avait été installée devant la stèle, des discours, que j’ai conservés, avaient été prononcés. Mes grands-parents maternels étaient présents. Et comme c’était un mercredi, j’avais pu y assister (ci-dessous à l’extrême droite). J’avais 13 ans et je m’en souviens comme si c’était hier…

mercredi 2 octobre 2013

J’organise ma généalogie… enfin je tente d'organiser !

Classer, ranger, répertorier… ça n’a jamais été mon truc.

Autant le dire tout suite : je n’ai jamais été un garçon très organisé ! J’aime voir les livres vivre leur vie empilés maladroitement au gré de mes lectures (et Dieu sait qu’elle sont nombreuses), les dossiers former des strates archéologiques sur mon bureau et les voyages si bien préparés se transformer au fil de mes envies et loin des itinéraires bien tracés.

J’entends encore ma mère me répéter, deux phrases devenues mythiques, tout au long de mon enfance et de mon adolescence : « Mais range ! » et « Trie et jette, ça fera de la place ! ».

Pour la seconde injonction, ce fut une autre chose. J’ai toujours eu une très grande réticence, pour une pas dire répugnance, à jeter des documents. Et souvent, bien m’en a pris. J’ai toujours essayé de comprendre comment rattacher un document aussi insignifiant soit-il à une personne ou à lieu lié à mes ancêtres. J’en ai acquis depuis lors une solide réputation de « conservateur » liée à la réalisation de ma généalogie mais aussi aux études d’Histoire que j’ai entreprises sitôt mon bac en poche. Si bien qu’à l’heure actuelle, on me demande toujours avant de la mettre à la benne, si telle ou telle chose m’intéresse ou s’il faut la garder ! Rôle que j’assume pleinement.

Avec la généalogie, bien sûr, le classement c’est une autre histoire. La désorganisation y provoque le chaos et le mélange des générations. À bien y réfléchir, c’est cette science auxiliaire de l’Histoire qui m’a fait, pour la première fois, tenter un véritable classement.

Je m’en souviens comme si c’était hier : une visite à la mairie de Vandoncourt, petit village du Doubs niché dans le Pays de Montbéliard. Je devais avoir 17 ans et j’étais revenu en quelques heures, avec une série de photocopies d’actes de naissance, mariage et décès dont celui de la grand-mère de l’une des mes arrière grands-mères du côté maternel. Je les ai toujours (normal je ne jette rien !)

La question s’est vite posée de la conservation de ces précieux documents. J’ai acheté une sacoche et un « trieur ». L’aventure pouvait continuer.

Aujourd’hui, « mes archives » s’enrichissent chaque jour un peu plus et tiennent surtout beaucoup plus de place qu’autrefois. Une étagère complète de mon bureau y est consacrée et d’autres dans une pièce aménagée au sous-sol. Les boîtes archives s’alignent par thème. Il est loin le temps du fouillis.


Le bureau sur lequel je travaille est récent, mais mes ancêtres sont accrochés au mur et me regarde pianoter sur l’ordinateur, dont cette Louise Catherine Peugeot dont j’ai obtenu l’acte de naissance il y a bien longtemps. Le siège sur lequel je suis assis est celui d’un parent mort il y a plus d’un demi-siècle. Tout comme l’armoire de ma chambre, construite il y a près de 150 ans pour un aïeul…

Au jour le jour, j’ai opté pour un célèbre carnet recouvert de moleskine. A chaque fois que j’en termine un, j’en rachète un autre avec une couverture de couleur différente. Sur mon ordinateur, à part un logiciel de généalogie, j’ai opté pour Evernote qui se synchronise avec l’appli présente sur mon Smartphone. Un vrai bonheur quand on est organisé !

samedi 21 septembre 2013

Le village de mes ancêtres est une grande ville

On imagine toujours ses ancêtres les deux pieds dans la terre, labourant sans cesse, semant avec opiniâtreté des champs difficiles à cultiver, sur la tête desquels pendait l’épée de Damoclès de la famine et des épidémies et vivant chichement au rythme des saisons dans un hameau rattaché à un village au nom improbable et perdu au fin fond de la France. Un village tellement oublié qu’il y subsisterait encore des traces, à qui saurait les voir, du passage de nos prédécesseurs portant le même patronyme : des initiales sur le linteau de la porte d’une maison en ruines ou une tombe dans un cimetière lilliputien caché dans les ronces le long d’un chemin vicinal…

C’est sans doute ce que j’imaginais. En fait, je n’imaginais pas grand-chose depuis que j’avais posé cette question à mon père : « Mais d’où est-on originaire ? » Il avait eu l’air surpris, la réponse tenait en peu de mot et sonnait comme une évidence : « D’Algérie ». Certes, mais avant ? Là, personne n’avait pu me répondre. Pensez, son arrière-grand-père était né à Blida en 1851 et était mort bien avant sa naissance. La branche « pied-noir » ne se sentait pas française au sens métropolitain du terme. Elle était d’Algérie, point barre.

Pourtant, je voulais savoir où le village d’origine des Plancard se situait et pourquoi l’un de ses représentants avait décidé de boucler ses bagages pour la grande aventure.

J’ai presque désespéré d’arriver un jour à retrouver ce bout de terre où avaient vécu mes ancêtres. Mon premier frisson généalogique je l’ai eu grâce au Minitel. Internet, n’était alors que pure science fiction… J’avais tapé dans les pages blanche mon nom, mais dans la ligne réservée au nom de la commune. Et comme par magie, j’avais découvert le village de Saint-Plancard en Haute-Garonne. Et la recherche dans l’annuaire m’avait sorti la liste de membres de la famille que je connaissais déjà et des Plancard en Bretagne. Ces réponses m’ouvraient les champ du possible et un grand terrain de jeu.

Ce n’est que des années plus tard, après avoir écarté la branche bretonne, que j’ai eu mon second grand émoi généalogique : Carcassonne écrit noir sur blanc sur un acte venant de l’état-civil d’Outre-Mer à Nantes (cf billets précédents).

Carcassonne. Une grande ville. Bien loin du petit village où le temps s’écoule lentement donc. Et pas n’importe laquelle. L’ombre des cathares et de Viollet-le-Duc y planait encore. Une ville avec une vraie histoire et dans un département dans lequel nous avions un pied-à-terre acheté par hasard des années auparavant. Mais je sais par expérience qu’il n’y a pas de hasard.


Rapidement, je me suis aperçu, à l’instar de ma famille du XXe et du XXIe siècle, que la famille Plancard était une famille en comité restreint. Et que chaque porteur du nom dans cette ville était lié aux autres. Un lent et patient jeu de construction commençait. Il m’a permis de retracer une partie de l’histoire et de retrouver les lieux où certains avaient vécu. Je me suis alors lancé à leurs trousses…

(La suite au prochain billet)

mercredi 10 juillet 2013

Mariage d'hiver

En attendant de découvrir les lieux liés à mes ancêtres Plancard dans la chaleur de la Cité et de la Bastide Saint-Louis de Carcassonne, voici une photo de mariage rafraîchissante. Prise en hiver, la neige recouvre encore partiellement le sol...

Voilà une belle photo de mariage. Une touche de sépia. Un comité restreint. Queues-de-pie et robes de soie. Des absences. Et une pointe de hasard qui fait toute la différence.

Allez, autant le dire tout de suite, cette photo relate le mariage d’une des sœurs de l’une de mes arrière-grands-mères maternelles et plus précisément la mère de ma grand-mère maternelle Liliane Doriot épouse Rigoulot.


Les jeunes mariés au centre sont Jeanne Graff née le 30 septembre 1900 à Beaucourt, ville du territoire de Belfort alors dans le département du Haut-Rhin et d’Anselme Martin, industriel du biscuit aux Salins-du-Midi. L’union eut lieu à Montbéliard le samedi 7 février 1922. Le repas se déroula à l’Hôtel de Mulhouse, institution de la Cité des Princes. Situé juste en face de la gare, l’établissement appartenait aux parents de la jeune mariée puis fut tenu par mon arrière-grand-mère Alice Graff (assise à l’extrême droite de la photo) et son époux Alfred Doriot (debout à l’extrême gauche), le couple s’est marié le samedi 9 mars 1918 à Montbéliard.

A côté de mon arrière-grand-mère est assise sa sœur Hélène (née le 17 avril 1903 à Vandoncourt (25)) qui épousera six ans plus tard à Lyon, Frédéric Curie. Une figure que celui-ci. Filleul d’Alfred Doriot, il passe, en 1922 (l’année du mariage) son brevet élémentaire à Besançon. Il deviendra instituteur mais s’engagera dans l’armée. Il mourut à 50 ans à Paris en 1956. Lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers de Paris, il fut résistant de la première heure. Emprisonné par les Allemands, il fonda le seul groupe de résistance au sein du Régiment. Et au sortir de la guerre, il fonda le groupement hélicoptère de la Sécurité-Civile qui existe toujours.

Je ne connais pas l’identité de la personne assise à l’extrême gauche. Mais la jeune femme assise à côté, est une autre sœur : Margueritte Graff née le 21 août 1898 à Beaucourt. Elle est mariée avec l’homme debout à côté de mon arrière-grand-père : Robert Bach.
Les autres personnes me sont inconnues. Alors, qui sont les absents ? Le frère de ces quatre sœurs d’abord : Georges Maurice Graff, né le 8 juin 1892 à Beaucourt. Alors canonnier au 114e Régiment d’Artillerie Lourde, il fut fauché par l’explosion d’un obus le 24 février 1916 à Béthelainville, un petit village de la Meuse à une encablure de Verdun. Secteur où la bataille commençait à faire rage. En 1922, son corps, enterré dans ce bourg lorrain, avait déjà été rapatrié dans la tombe familiale à Montbéliard où il repose toujours. Alice, mon arrière-grand-mère avait une correspondance aussi prolifique que le permettaient les aléas de la guerre. Elle lui parlait d’ailleurs de son futur mari qui lui reviendra de la terrible boucherie.

Manque aussi la mère de la mariée : Marie Virginie Amstutz épouse Graff née à Vandoncourt le 30 mai 1871. Sa mère Louise Peugeot est l’une des descendante de la famille qui donnera naissance à la marque automobile. Marie Virginie épousera Maurice Georges Graff né lui aussi à Vandoncourt et descendant d’une famille alsacienne de Seppois-le-Bas qui a opté pour la France. Marie Virginie ne survivra pas à la nouvelle de la mort de son fils. Elle décèdera le 20 janvier 1918 à Montbéliard.

Manque aussi le père, Maurice Graff, immortalisé dans un jardin potager dans un film familial des années 1930, seule image animée de lui et oh ! combien émouvante de cet homme né en 1871 et mort en 1946. Son absence est étrange, voire troublante.

Au-delà des manques, il y a le heureux hasard d’une présence. La présence de ma grand-mère bébé tenue par je ne sais qui et qui pose son regard bleu sur la scène à travers une fenêtre à l’arrière-plan. Née le 17 février 1921, elle n’a pas encore soufflé sa première bougie.

mardi 11 juin 2013

Mariage… J’imagine

La généalogiste Sophie Boudarel, après le challenge de A à Z, lance l’idée d’un thème par mois. Juin sera consacré au mariage. Alors : En avant ! Ou plutôt… Yallah !

Je n’ai jamais eu entre les mains de photos de mariage de ma famille paternelle où les invités sont bien calés les uns à côté des autres. Juchés sur des gradins ou assis sur des chaises. Les grands derrière, les petits devant et les mariés au milieu.

Il faut dire que les photos, éparpillées lors du retour en métropole de ma famille au moment de l’indépendance de l’Algérie en 1962, ne facilite pas les choses.

Je ne possède que cette photo de mes grands-parents le jour de leur mariage le samedi 7 août 1937 à Alger. Je ne sais même pas où elle a été prise. Peut-être chez ce photographe de la rue Bab Azoun, où d’autres photos familiale ont été prises.



Le mariage a été célébré à 15 h 55 à la mairie d’Alger. C’est Charles Bompain, conseiller municipal, qui a officié. On l’entend d’ici marier Alphonse Auguste Plancard, mécanicien, né à Seddouk, commune mixte d’Akbou, département de Constantine, le 31 juillet 1913. Il est le fils de Gabriel et de Françoise. Le marié est mince dans son costume noir. Sur les revers de la veste, le nœud papillon blanc affleure. Les époux ont dit oui, ils sont unis pour le meilleur comme pour le pire.

La mariée sous son voile blanc est Irène Raymonde Lledo né à Alger le 24 septembre 1918. Elle est dactylo au Gouvernement général. Jean, son père est décédé, seule sa mère Maria de la Concepción Salas est présente.

Il a 24 ans, elle en a 18. Il vit rue des Sports, HBM, Bâtiment G. Elle vit au même endroit, mais au bâtiment J.

Les témoins sont Jeanne Pons (je ne sais qui c’est) et Jean Mir, mouleur. Lui je sais qu’il va épouser en novembre 1916, la grand-mère paternelle d’Irène, Maria de la Concepción Pallares. Elle était veuve de Vincent Lledo depuis 1897. C’est d’ailleurs dans la tombe de Jean Mir au cimetière d’Hussein Dey à Alger, lui qui est mort en décembre 1953, que l’on va enterrer le marié, mon grand-père Alphonse Plancard, décédé en février 1954.

Pour l’heure, j’imagine seulement la chaleur de ce début d’août, le soleil qui cogne sur les toits d’Alger, sur les costumes sombres et les cravates restées nouées jusqu’à la fin. J’imagine un repas en extérieur, un menu aux plats épicés et ensoleillés. Les rouges de Mascara coulant à flots. J’imagine la kémia, l’anisette, les rires et la musique. J’imagine la balade dans le Jardin d’Essai tout proche où Jean Mir a travaillé.

Je ne sais par contre où le mariage religieux a eu lieu. J’imagine peut-être tout simplement à l’église Sainte-Monique (Berbère née en Algérie vers 331)/Saint-Jean Bosco d’Alger construite en 1931 rue Polignac dans le quartier du Ruisseau où les époux habitaient. Un grand local tout simple au départ où l’unique cloche était accrochée à un échafaudage. Aujourd’hui, elle a un campanile. La couleur ocre du crépi, le plafond plutôt bas, les bancs bien serrés et les colonnes de l’abside entourant le chœur, voilà à quoi elle ressemble actuellement. Et puis, il y a les quelques marches menant à l’autel.

Une église où seront baptisés leurs deux enfants : Georges, né le 11 juillet 1941 et baptisé le jeudi 23 avril 1942 et mon père Gabriel le dimanche 5 juillet 1945.

mardi 30 avril 2013

Z... comme Zinzin ou T'as d'beaux Z'yeux tu sais !

Les descriptions des fiches militaires de nos ancêtres m'ont toujours beaucoup intéressé.

Surtout la partie qui touche à la description physique. Comme ce Jules Plancard né en 1867 à Carcassonne qui mesure 1,75 m et dont les yeux sont bleus. Ou cet Emile Jean Jules François Plancard né 20 ans plus tard dans la même ville et qui mesure 1,59 m et qui a les yeux bruns.

En ligne directe, le caporal Gabriel Plancard, né le 18 septembre 1888 à Aumale mesurait 1,72 m et avait les yeux gris-bleu.

Son fils, mon grand-père Alphonse Plancard né à Seddouk le 3 juillet 1913 mesurait 1,63 et avait les yeux châtains.

Les générations passe et la taille augmente. Mon père, lui, dépassait le mètre quatre-vingt et avait les yeux marron.

Quant à moi, au recensement militaire de 1993, je mesurais (je mesure toujours) 1,90 m j'avais (j'ai toujours !) les yeux marrons.

Enfin Hadrien mon fils de bientôt trois ans, mesure son mètre et a les yeux noisette tirant parfois sur le châtain ou le gris selon les jours. Une vraie synthèse de ses ancêtres !

La lettre Z, m'inspire aussi cette réflexion d'un ami me trouvant un jour plongé dans un site internet dédié à la généalogie. "T'es complètement zinzin avec ce truc-là !", m'avait-il dit. Aujourd'hui, il a mis le doigt dans le fatal engrenage, pour laisser à ses enfants, une trace du passé familial. Il est, à son tour devenu "zinzin" de généalogie et incollable sur les sources à utiliser. Encore plus "zinzin" que moi peut-être...

lundi 29 avril 2013

Y... comme Y est-il égal à X ? Ou l'impossible équation !

Allez, autant le dire tout de suite, les mathématiques n'ont jamais été ma tasse de thé, mais les statistiques m'ont toujours fasciné. La naissance d'un enfant est toujours dû à la résolution d'une équation à deux inconnue : bébé = x + y et beaucoup de hasard.

Si, comme je l'ai dit, dans un précédent billet, la froideur des statistiques ne vaut pas la chaleur des renseignements patiemment amassés sur nos ancêtres dans les dépôts d'archives ou les journaux d'époque, il n'empêche qu'on ne peut s'empêcher de cliquer sur l'onglet idoine de son logiciel préféré pour afficher des listes entières de chiffres.

Au dernier coup d'oeil, il se trouve que je rescence 1568 individus dans mon arbre généalogique, tant du côté paternel que maternel, il en résulte 529 unions, 420 patronymes différents, 104 professions et 208 lieux partout dans le Monde.

Mais la litanie chiffrée ne s'arrête pas là. La longévité, toutes époques confondues est de 59,17 ans pour les hommes et 60,49 pour les femmes, les premiers se mariant en moyenne à 26,63 ans et les secondes à 23,91 ans. Les couples ont en moyenne 2,18 enfants et le prénom Jean compte 109 représentants (sans grosse surprise) et c'est Marie et Suzanne qui arrivent (encore une fois sans grande surprise) en tête des must féminins avec 74 représentantes. Mais il n'y a qu'un Balthazar, un Hector, un Dionise, une Jenny ou une Mina et même une Véréna en 1723.

Il n'y a aussi qu'un seul Horry Rigoulot né le 16 mars 1604 à Exincourt dans la Doubs et mort au même endroit 75 ans plus tard. Si son fils, dont je descends se prénomme Jean, son petit-fils porte le prénom de Vernier.

Et si j'aime les statistiques, j'aime aussi les coïncidences. Horry est un prénom qui, par déformation, a donné le prénom Henri et le patronyme Doriot dans le Pays de Montbéliard selon l'étude du Pasteur Mathiot dans son ouvrage "Quelques anciens noms montbéliardais de personnes". Cet Horry Rigoulot né en 1604 est l'ancêtre de mon grand-père maternel... Henri Rigoulot né en 1922 et qui a épousé en 1948 ma grand-mère, une certaine Liliane... Doriot !

samedi 27 avril 2013

X... comme Anonymes !

Bien entendu il y a les naissances sous X. Il n'y en a aucune dans mon arbre.

En revanche, le X, dans le logiciel que j'utilise peut vouloir dire deux choses. La première, ce sont les individus qui n'ont (encore) ni prénom, ni dates. Des anonymes pourtant parfois très proches.

Qui est ce Plancard dont je ne connais ni le sexe, ni la date ni le lieu de sa naissance, ni rien de sa vie et qui est né sans doute en 1914 de Emile Jean Jules François Plancard et de Hélène Marie Eugénie Clanet. Si le couple s'est uni à Lavelanet dans le département de l'Ariège, la jeune fille est née à Saint-Louis du Sénégal le 1er août 1894, son père y faisant des affaires. Après la guerre de 14, où Emile Plancard est engagé dans l'arme du Train, le couple divorce en novembre 1919 et "l'enfant issu du mariage" est confié à la mère. Le nom de l'enfant a disparu, masqué pour cause de délai de consultation trop court.

Hélène Clanet se remarie en septembre 1921 avec Henri de la Rocca, adminsitrateur de 1ere classe des colonies, visiblement une connaissance de son père puisque l'homme est veuf d'une jeune femme décédée à Saint-Louis du Sénégal. Hélène Clanet va mourir en 1975 à Nice.

Il en va tout autrement pour Emile Plancard que l'on retrouve en 1921 à Toulouse puis en 1925 négociant en grain à Casablanca au Maroc où il vit au 34 avenue Mers Sultan. Il finira sa vie en Algérie le 27 juillet 1948 à l'hôpital Mustapha d'Alger. On sait qu'il habitait la rue Rovigo. Il fut enregistré à l'état-civil comme François Blancard ! Seule sa date de naissance : 7 février 1887 à Carcassonne et l'identité de ses parents permettent de l'identifier.

Mais de son enfant pas de trace. Serait-ce cet Henri Plancard habitant à Philippeville, concessionnaire d'une mine en Algérie dans les années 1930 et que je ne peux encore rattacher à quiconque ? L'avenir dira.

Passés les anonymes, il reste l'enfant "sortis sans vie du sein de sa mère".
Ils sont une poignée à peupler les branches de nos arbres. Comme ce petit garçon né et mort le 7 octobre 1852 à Blida en Algérie, fils de Gabriel Plancard (1812-1856) et de Thérèse Joséphine Pierrot (1828-1873). Ou bien encore, plus proche de nous, ces jumelles Plancard nées et décédées le 1er juin 1932 à Carcassonne au 41 de la rue d'Alsace.

Le logiciel met des X pour désigner ces personnes qui, finalement, vivent encore à travers notre travail de généalogiste amateur ou professionnel.

vendredi 26 avril 2013

W... comme Web

Forcément !

Comment pourrait-il en être autrement ?

Si internet ne peut pas tout, la toile permet quand même de dégrossir le travail avant d'aller se plonger dans les archives.

Sur Généanet par exemple, vous trouverez mon arbre généalogique en cliquant ici. Et sur Facebook, la Page des Plancard.

Bien sûr, il y a le blog de la Famille Plancard sur lequel vous lisez ces billets, mais d'autres blogs sont nés de celui-ci.

D'abord un blog lié à la rubrique généalogie que j'anime un dimanche par mois dans Est Magazine, lié au quotidien L'Est Républicain pour lequel je travaille : ce lien permettra d'aller y jeter un coup d'oeil. Une page Facebook y est liée.

Et puis, parallèlement à ma famille paternelle, j'ai eu l'idée, il y a quelques temps d'ouvrir un blog pour une personnalité marquante de ma famille maternelle : le lieutenant-colonel Frédéric Curie. Je lui dois mon prénom... Officier des pompiers de Paris, il fut un résistant de la première heure et une personnalité marquante de la Libération de Paris. Le blog se trouve à cette adresse
. Même si le temps me manque pour l'alimenter, ce blog fait écho à son site internet biographique que j'ai contribué à créer ainsi qu'à une page Facebook.

Allez, encore une petite anecdote : après m'être inscrit sur Généanet, j'ai reçu un mail des Etats-Unis. Une cousine me contactait. Sa grand-mère, née dans le petit village de mon enfance était parti aux Etats-Unis et y était restée, s'était mariée et avait eu une descendance. Elle était partie avec... mon arrière arrière grand-père qui, lui, avait retrouvé le chemin du Pays de Montbéliard (25) pour y fonder une famille. A quoi tient une branche...

jeudi 25 avril 2013

V... comme Vies minuscules

On descend tous d'un roi ou d'un pendu.

La plupart des êtres qui peuplent notre généalogie sont tous ou presque, attachés à la terre. Leurs vies n'ont rien de flmaboyant en apparence. Et écrire leur biographie ne tiendrait qu'en quelques lignes et relèverait du pari.

Tout le monde ne peut pas être un capitaine au long cours ou aventurier.

L'auteur Pierre Michon, creusois d'origine, publie chez Gallimard en 1984, un recueil fabuleux intitulé "Vies minuscules". Huit portraits ciselés au millimètre : Vie d'André Dufourneau, Vie d'Antoine Peluchet, Vies d'Eugène et de Clara, Vies des frères Bakroot, Vie du père Foucault, Vie de Georges Bandy, Vie de Claudette et Vie de la petite morte.

"(...) La province dont je parle est sans côtes, plages, ni récifs; ni Malouin exalté ni hautain Moco n'y entendit l'appel de la mer quand les vents d'ouest la déversent, purgée de sel et venue de loin, sur les châtaigners (...)" Un pur moment de bonheur littéraire. A lire de toute urgence !

mercredi 24 avril 2013

U... comme Ursule Geoffroy

Ursule Rose Geoffroy est née à Saint-Menge un petit bourg vosgien de la Plaine le 21 octobre 1802, Bonaparte est consul à vie depuis deux mois. Léopold son père est journalier et sa mère sans profession. Elle arrive après trois frères : Charles, François et Alexis. Elle aura encore une soeur : Marguerite Elisabeth et deux frères, Claude Léopold et Maurise.

Ursule épouse le 6 novembre 1828 à Saint-Menge Jean Joseph Sellier né le 18 mai 1805 à Vandeléville en Meurthe-et-Moselle. Rien ne la prédestinait à finir sa vie ailleurs que dans son village natal. Et pourtant, à quoi tient l'histoire d'une famille dont nous sommes les produits.

Après la naissance de leur fils, Joseph Léopold Sellier, en 1832 à Saint-Menge, le couple Sellier-Geoffroy va rêver d'horizons nouveaux et d'une vie meilleure. A la différence de Gabriel Plancard, né à Carcassonne, ce n'est pas la carrière militaire qui les amène en Algérie mais la perspective de terres nouvelles à cultiver.

A quelle date le couple partit-il de l'autre côté de la Méditerranée, sans doute peu après la naissance du petit Joseph Léopold. Le couple s'établit donc dans la banlieue d'Aumale et sont cultivateurs. Et sont toujours en vie le jour du mariage de Joseph Léopold le 29 août 1861 à Aumale. Si ces ancêtres sont lorrains, lui, épouse Pauline Lézarine Allemand née à Saint-Julien-en-Champsaur (Hautes-Alpes) fille d'Isidor et de Marie Vachier, tous deux cultivateurs et partis en Algérie pour les même raisons que les beaux-parents de leur fille. Ursule Geoffroy dépose, au bas de l'acte une signature maladroite.

Le jeune couple va avoir deux enfants : Joseph Ernest né en 1862 et Marie Félicité en 1865. Cette dernière va épouser, le 14 mai 1881 à Aumale, Alphonse Jean Pierre Plancard, fils de Gabriel. La boucle est bouclée...

Le souvenir me revient aujourd'hui de cette origine lorraine. Lorsque je cherchais désespérément l'origine familiale des Plancard, j'avais posé la question à mon père qui n'avait su me répondre, son arrière grand-père, celui-là même qui épousa Marie Félicité Sellier et qu'il n'avait pas connu puisque mort en 1933, était né en Algérie.
Mon oncle Georges avait été moins catégorique et m'avait dit : "On vient du pays de Jeanne d'Arc". Pour moi, c'était Domrémy-la-Pucelle. En poste quelques temps dans les Vosges j'avais passé mon temps libre à éplucher les archives spinalienne sans succès, aucun Plancard n'y figurait... Et pour cause.

Ce n'est qu'à la lecture de l'acte de mariage des époux Sellier-Allemand que la lumière a jailli ! Le souvienir diffus d'une origine lorraine était bien rélle. Jeanne d'Arc n'est-elle pas une petite bergère de Lorraine et Domrémy n'est distant de Saint-Menge que d'une trentaine de kilomètres...






mardi 23 avril 2013

T... comme Tombes

Finalement, on n'est jamais aussi près d'un ancêtre que devant sa tombe.

Quelle joie j'ai eue (si je puis dire) quand j'ai découvert une tombe portant le patronyme Plancard. Ce qui est assez rare. C'était il y a bientôt dix ans au cimetière Saint-Michel de Carcassonne. Et quelle tombe. Elle est situé dans le carré 7 à l'emplacement 501. Au débouché d'une allée, sur une placette ronde où est élevé un calvaire ouvragé.

La tombe aussi est ouvragée : un chapiteau triangulaire soutenu par deux colonnes. En tout treize personnes y reposent. D'abord François Plancard (1819-1909) le maître serrurier et chef d'entreprise, qui déposa en son temps, un brevet pour une éolienne révolutionnaire. Il y est inhumé avec son épouse Jeanne Brezet (1820-1888).

On y trouve aussi trois de ses quatre enfants : Guillaume Michel Plancard (1855-1916) ingénieur des Arts et Métiers, Martin (1843-1922) et son épouse Catherine Caut (1842-1906) et Jacques (1851-1927)

Les autres défunts sont des descendants de ses enfants : Renée Plancard (1914-1934), Fernand Plancard (1905-1964), Pierre Plancard (1876-1967) et son épouse Marie-Jeanne Rousseau (1877-1944), Raymonde Plancard (1913-1996), Victor Plancard (1902-1969) et Georges Plancard (1936-1996).

A eux, dans le même cimetière il convient d'ajouter celle ou repose Jenny Plancard (carré 13, emplacement 502), sa tante et sa soeur. Mais aussi (annexe 28) celle de Jeanne Plancard (1881-1957) qui épousa le 7 août 1907 Léon Jean Grillières. Dans ce caveau repose aussi sa soeur Françoise Plancard (1885-1961).

A quelques mètres les uns des autres, ces membres de la famille Plancard retracent tout un pan de cette branche restée en France mais aussi tout un pan de l'industrie carcassonnaise.

lundi 22 avril 2013

S... comme Serrurier

Il ne faut pas entendre ici la profession de serrurier comme on l'entend d'ordinaire. Celui qui monte et fabrique des serrures. Non, il s'agit ici de construction métallique.

Parmi tous les représentants de la famille Plancard à Carcassonne a exercer cette profession il y a Jules Antonin Plancard né en 1869.

En 1915, il est à la tête d'une entreprise florissante : les " Ateliers de constructions métalliques Jules Plancard", une société sise au 2 rue de la Liberté et au 54 rue de la Préfecture. Les entrepôts, eux, étaient situés aux 5 et 7 rue Hugues-Bernard.

Les compétences étaient nombreuses dont : Charpentes et combles, Planchers en fer, Réservoirs, Grilles et portails en fer forgé, Menuserie métallique, Serres en tous genres, Découpage et soudure autogène des métaux...

Le 1er juin 1915, sur du papier à en-tête de sa société il répond à un ami, Paul Bernier de Castelnaudary. "Mon cher Paul, j'ai bien reçu ta lettre du 31 écoulé. Quelques heures après ton départ de la maison, j'ai reçu une commande pour la Défense nationale". Il sera alors plus difficile pour livrer dans les temps le portail que son ami lui a commandé.

Jules Plancard travaillait donc à l'effort de guerre. Le Premier Conflit mondial faisait rage depuis une année. Rien n'est dit sur le travail qu'il a livrer. S'il est mobilisé à 45 ans le 2 août 1914, il n'est appelé qu'au 31 mars 1916, c'est pourquoi en 1915, il travaille dans ses ateliers de Carcassonne. Au final, Jules Plancard a été détaché en qualité de Chef d'usine aux usines J. Plancard à Carcassonne.

samedi 20 avril 2013

R... comme Rayonnages

"La première chose indispensable dans une bibliothèque, c'est une étagère. De temps en temps, on peut y mettre de la littérature. Mais l'étagère est essentielle". Qu'il a raison Finley Peter Dunne. La généalogie se compte aussi, comme les archives, ne mètres linéaires.

Que de fois j'ai entendu : "Combien t'as recensé d'ancêtres ?" ou bien, "Tu remontes jusqu'où ?" Je dirais que ces questions n'ont que peu d'importance. Quel intérêt de vouloir à tout prix empiler des noms sans savoir qui se cache derrière eux. Autant je suis ému devant une fiche militaire, un dossier médical, un inventaire après décès ou bien encore des signatures malhabiles au bas d'un acte, autant une liste de noms me fait le même effet que la lecture d'un annuaire téléphonique !

Au fil du temps, les pochettes se sont étoffées. Aujourd'hui ma généalogie c'est un mètre linéaire sur deux étagères. Un mètre de concentré de vies brisées, florissantes, bien remplies, effacées avant que d'exister. Si on ouvre les pochettes on y entend des cris d'enfants, des pleurs, des joies et des peines, le bruit des bottes sur la plaine des batailles et celui des sabots dans les champs, le son du canon de Verdun et de la Somme, celui de la sirène des bâteaux, les cliquetis des briquets d'infanterie et des coups sur le métal chaud des ateliers.

La généalogie doit être vivante, palpable, humaine et non uniquement statistique et comptable.

vendredi 19 avril 2013

Q... comme Au secours, je vais devenir Quadragénaire !

Dans trois jours à 22 h 30, je passerai la barre fatidique !

A l'heure où paraîtra ce billet je serai sans doute face à la mer, quelque part en Bretagne, coin de France qui m'éloigne de mes racines paternelles, mais que j'affectionne tout particulièrement. Peut-être grâce à mon grand-père maternel qui peignait magnifiquement ces paysages torturés de gris du ciel, de noir des toit et du blanc de l'écume de la mer.

Il y a 40 ans donc, je naissais à Belfort, clinique des Berceaux aujourd'hui transformée en maison pour personnes âgées. Ironie de l'histoire. Sur ces quarante années, j'en ai passé plus de vingt à rechercher mes ancêtres. Certains ont même leur portrait accroché sur les murs, d'autres dorment dans des pochettes plastifiées posées sur les rayonnages (voir ce mot demain !) de mes bibliothèques.

Et presqu'à chaque fois qu'il passe devant le portrait d'une Emma, d'un Charles ou d'une Catherine-Louise, mon fils le demande du haut de ses bientôt trois ans : "Qui c'est celle-là ?" Chaque fois je lui explique. Il hoche la tête en pensant à son trois fois arrière grand-père ou grand-mère. La relève est peut-être arrivée.

jeudi 18 avril 2013

P... comme Pataouète

Ah ! le pataouète. C'est plus qu'une langue, c'est un art de vivre. Un festival de l'image désopilante et d'expressions fleuries autant qu'ensoleillées.
Qui n'a jamais participé à un repas pied-noir ne peut comprendre. C'est comme si vous étiez en permanence assis entre Marthe Villalonga et Robert Castel !

Si ce n'est pas un dialecte, encore moins un argot, le pataouète est un mélange de Français, d'Arabe, d'Espagnol, d'Italien et de Maltais. Vous trouverez un article détaillé ici

Je conseille vivement à tous la lecture de "Trésors des racines pataouètes" de Roland Bacri aux éditions Belin (1983). J'en ai extrait deux expressions tirées de cet ouvrage sous la rubrique "Manuel de conversation" : " Ne dites pas : Il a une très petite taille, mais "disez" : Tellement il est petit, quand on le voit, on dirait qu'il est loin". " Ne dites pas : Mon cher tu ne perds rien pour attendre, mais "disez" : Laisse, laisse que j't'attrape, j't'en donne une que le mur y t'en donne une aute" !

mercredi 17 avril 2013

O... comme Olive

Depuis les articles sur la kémia et la mouna, vous vous dites : il va encore nous parler de spécialités culinaires d'Afrique du Nord et de souvenirs d'olives cassées au piment. C'est vrai, j'aurais pu. J'aurais pu aussi vous parler des "Oublies" (sans accent sur le "e"), cette pâtisserie du Moyen Âge qui sans le fameux "e" devient une douceur d'Algérie. Une sorte de galette friable et sucrée au miel vendue par des marchands ambulants. J'aurais pu aussi.

Mais aujourd'hui l'olive croquée à l'apéritif mute en nom de famille.

C'est en effet le patronyme d'une certaine Marie qui va s'unir à un Jean Plancard, né en 1736 et mort à Carcassonne le 25 février 1793. Il donnera naissance à Jean, né en 1774, le soldat de l'An I. Il est le grand-père de Gabriel né en 1812.

Toujours est-il qu'il épouse Marie Olive avant 1774 à Carcassonne.

Curieux nom que celui-ci. Selon Jean Tosti, spécialiste incontesté de l'onomastique, voici l'origine du nom Olive glânée sur son site : "L'un des noms de baptême les plus répandus en pays catalan vers l'an Mil, sous les formes Oliva ou Oliba. Rien à voir donc avec un producteur d'olives, même si on considère généralement que l'origine du prénom est la même que celle du fruit. Certains ont cependant avancé l'hypothèse d'un nom de personne d'origine germanique, d'autres pensant au nom grec Elephas".

mardi 16 avril 2013

N... comme la Naissance falsifiée de Félicie Joséphine

Gabriel Plancard, le fondateur de la branche en Algérie avait épousé Thérèse Jospéhine Pierrot. Le couple vivait et est mort à Blida.

Pourtant, le 12 juin 1871, elle a 44 ans, Thérèse Joséphine Pierrot, donne naissance à une fille prénommée Félicie Joséphine. Gabriel Plancard est mort depuis belle lurette et le père de ce bébé est inconnu.

L’acte stipule que Thérèse Joséphine habite rue de l’Orangerie à Blida ou elle est ménagère. La déclaration est faite par la sage-femme qui lit-on « a assisté à l’accouchement ».

Il faut alors lire attentivement la mention marginale de l'acte de naissance et l’acte de mariage de sa fille Marie Eugénie Sabine Plancard avec François Stintzy dans lequel le couple souhaite reconnaître plusieurs enfants, dont Félicie Joséphine.

Ce bébé n’est donc pas la fille de Thérèse Joséphine Pierrot. Cette dernière a décidé de la reconnaître et par là d’être à l’origine d’un faux avec la complicité de la sage-femme (ce qui est relativement rare dans les archives), pour une pure question de convenance : Marie-Eugénie Sabine est mineure (17 ans) au moment où elle accouche et surtout non mariée. Une chose particulièrement mal vue à l’époque.

On imagine le climat tendu qui a entouré la grossesse de Marie Eugénie Sabine.

Pourtant, quatre ans plus tard, en 1875, Marie Eugénie Sabine aura de nouveau un enfant hors mariage. Elle est cette fois majeure. L'enfant, Louis Antoine, est reconnu par son père François Stintzy, un alsacien de Mutzig. Enfin, un troisième enfant naîtra en 1876, un an avant leur mariage de 1877 : Emélie Louise.

Le couple aura encore un enfant en 1879, une fille prénommée Marie-Antoinnette. Leur seul enfant né après leur mariage.

Quant à Félicie Joséphine, elle est décédée à l'âge de 18 ans en 1889. Elle exerçait la profession de blanchisseuse.



lundi 15 avril 2013

M... comme les Mounas de Pâques

" Alors t'as fait la Mouna ?" Cette phrase je l'entends encore dans le téléphone. Elle revenait chaque dimanche de Pâques.

Car les Mounas, c'est à ce moment-là qu'on les prépare et qu'on les mange.

Une tradition pied-noir d'origine espagnole. De l'Espagne de mes ancêtres entre Valence et Alicante. En voici une version sur Wikipedia.

La plupart du temps, je disais que je n'avais pas eu le temps de préparer cette tradition culinaire. Il faut dire que préparer une mouna, c'est prévoir une journée de repos ! C'est une pâte à brioche sans beurre mais avec de l'huile, du lait et de la levure de boulanger. Chez moi, on y met des zestes d'oranges et un peu de fleur d'oranger.

Il faut bien sûr laisser reposer la pâte, la malaxer à nouveau mais pas trop et la laisser reposer encore et la dernière fois toute une nuit. On en forme alors une boule comme un pain de campagne, on la badigeonne de jaune d'oeuf battu et on enfonce sur le dessus, un oeuf frais qui va cuire au four avec la mouna. Ne pas oublier de parsemer le dessus de la mouna avec des morceaux de sucre concassés.

Le résultat est bon mais n'est pas très souple, même un peu sec pour tout dire, mais avec un goût d'enfance très prononcé. Il faut manger cette tradition en trempant sa part dans un café bien chaud ou un thé et en reprendre un morceau, un peu rassi, le lendemain matin avec un chocolat chaud...

Allez, je promets : "L'an prochain je fais la mouna" !

samedi 13 avril 2013

L... comme Livres

Mon tout premier souvenir de lecture généalogique, c'est à Jean-Louis Beaucarnot que je le dois. Le pape de la généalogie avait sorti un ouvrage sur les noms de famille et leurs secrets que je possède toujours dans ma bibliothèque.
Je devais avoir 16 ou 17 ans et je l'avais ouvert fébrilement. Je m'étais rué sur les "P". Il y avait bien des Planchard, Blanchard et autres Blancart (patronymes dont je me vois affubler fréquemment sur l'enveloppe de courriers. Il y eut même, il y a quelques années un très élégant Pauchard (!) et un très alambiqué Plonquart), mais point de Plancard. Je savais le patronyme rare en France avec cette orthographe, mais l'auteur soulignait le fait, que les variantes d'un nom étaient légion.

Pour le coup, j'avais trouvé d'autres noms présents dans ma généalogie comme Rigoulot, le nom de ma mère, qui évoque le ruissellement de l'eau dans un ruisseau. Un trésor qui m'avait fait avancer un peu et m'avait conforté dans ma démarche de recherches.

Les livres suivants avaient été des guides pratiques, plus ou moins bien faits, qui, eux, m'ont aidé à débuter et organiser ma généalogie qui n'en était alors qu'à sa genèse.

Alors, lorsque l'on m'a proposé de rédiger à mon tour un guide généalogique pour la Lorraine, la Franche-Comté et l'Alsace, je n'ai pas hésité une seconde. Avec mon confrère Jérôme Estrada de Tourniel, nous avons réfléchi à la forme, au contenu, aux illustrations et travaillé beaucoup, relu encore plus, mal dormis certaines nuits. Mais quelle satisfaction lorsque le premier exemplaire sentait encore l'encre et l'imprimerie. Quelques exemplaires sont encore disponibles sur ce site.

J'allais oublier, les livres de généalogie ce peut être aussi des livres qui dorment dans les étagères de la maison familiale : un roman anoté de la main d'un trisaïeul, une bible où figure un verset et une généalogie sommaire de la famille dans les dernières pages ou un cahier de recettes de cuisine patiné par le temps et l'usage.

vendredi 12 avril 2013

K... comme Kémia

Là j'avoue m'être un peu creusé la tête !

Que dire avec la lettre K ? Képi ? pour illustrer les militaires ? Kaki, pour illustrer le thème précédent ou pour évoquer ces fruits dans le Jardin d'essais à Alger et les bons moments de mon père et de mon oncle, enfants dans Alger la Blanche ? Non plus.

Et puis je me suis souvenu d'une photo sépia et d'un moment traditionnel, mais déroutant pour les non initiés (qui s'aperçoivent avec angoisse qu'après la fameuse kémia, il y a souvent un couscous), de la convivialité pied-noir.

Sur cette photo des années 1930, il y avait quatre ou cinq hommes en costume du dimanche. De la famille et des amis mélangés. Sur les tables du café, en terrasse, se trouvait des verres d'anisettes et de nombreuses petites assiettes où, dans l'une, on devninait des olives...

Alors, quésako la kémia ? Laissons parler Roland Bacri (In "Trésor des racines pataouètes", collection "Le français retrouvé", Belin, 1983, pp 106-107). A lire avec l'accent :

"Ca vient de l'arabe kmya un p'tit narcotique, mais c'qui est stupéfiant, c'est qu'c'est devenu une sorte de phénomène social à l'heure de l'apéritif. Dans les cafés, le propriétaire mettait sur son comptoir les p'tits plats dans les grands. Un de bliblis, un de tramousses, un de p'tites fèves à la vapeur. Olives noires, olives vertes, olives cassées, escargots piquants, calamars, sardines scabètches, cacaouettes salées, bon, j'vous passe ! Tout c'qu'y donne très soif pour que les clients boivent encore pluss d'anisette (...)"

Les bliblis sont de petits pois-chiches grillés, les tramousses sont des graines de lupin en saumure et les sardines scabètches sont des sardines en escabèche : une sauce à base d'huile, de vinaigre, d'ail et de piment. On pourrait y ajouter aussi des anchois au sel enroulés dans une pâte feuilletée, le tout frit dans l'huile...

Un moment convivial servi le dimanche où l'on se raconte les histoires de là-bas et où pointent parfois... les histoires de famille.

jeudi 11 avril 2013

J... comme Jenny et la tombe des célibataires !

Quel bien curieux prénom pour une jeune fille née en 1842 à Carcassonne !

Toujours est-il que Jenny Plancard est née le 2 juin 1842 dans la maison de ses parents rue du Pont, maison Lagarde. Elle est la fille de Pierre, un pareur de drap de 38 ans et de Justine Cauture son épouse, 19 ans.

Pourquoi diable l'avoir prénommé Jenny ? D'autant que la fraterie va s'agrandir avec la venue d'enfants nantis de prénoms conforment à l'air du temps : Anne en 1844, Auguste en 1846, Adélaïde en 1848, Antoinette-Philomène en 1849, Catherine en 1851 et Auguste-Jean en 1854.

Jenny ne s'est jamais mariée et n'eut jamais d'enfants. Elle décèdera à Carcassonne en 1916 à l'âge de 74 ans et est enterrée au cimetière Saint-Michel dans la tombe de Geneviève Plancard (1821-1898). Une tombe sobre où est simplement inscrit : "Geneviève Plancard et ses nièces". Des nièces restées célibataires comme Jenny ou Adélaïde dite Adèle décédée en 1871.

mercredi 10 avril 2013

I... comme Infatigable marcheur

Hier, nous avons évoqué Jean Plancard, soldat de l'An I engagé à la 4 1/2 Brigade d'Infanterie de Ligne. La bataille du Pont d'Arcole, de Rivoli et de Castiglione.

Mais derrière l'image des charges de cavalerie sentant la poudre et la gloire, se cache la piétaille. Jean Plancard était fusilier dans cette 1/2 Brigade surnommée "L'Impétueuse".

Juste après son engagement le 4 août 1792, le voilà parti pour les guerres du Roussillon en 1793, puis il passe (An II - An III) à l'armée d'Italie, puis à l'Armée d'Angleterre (An VI - An VII), celle qui etait chargé d'envahir Albion et qui, au passage s'occupa des poches de résistances en Vendée. Enfin, en l'An VIII, il passa à l'armée de Hollande et à celle du Rhin.

Je me suis toujours demandé combien de kilomètres il avait bien pu parcourir ? Des milliers à n'en pas douter. Jean Plancard, en huit années et huit campagnes disséminées entre la période de la Révolution, du Directoire et du Consulat a sillonné l'Europe à pied.
Une quarantaine de kilomètres par jour avec plusieurs kilos d'équipement sur le dos. La pluie, le soleil, la neige, le froid, le gel.Les fusils en faisceaux le soir au pied du feu de camp avec les autres soldats. L'angoisse des veilles de bataille. La frénésie des charges sur la plaine. Les boulets que l'on sent passer au ras des têtes. La mort partout. Les camarades que l'on ne retrouve plus au soir des victoires.

Voilà son quotidien pendant huit et pas une seule blessure excepté celle qui l'empêchera d'aller plus loin. Une mauvaise cicatrice, des muscles déchirés et le voilà boîteux et de retour à Carcassonne. Le vaillant soldat se retrouve pareur de drap et se mariera en 1801. Il aura une dizaine d'enfants et une pension qui permettra à sa famille de vivre plus confortablement et de quitter les lices de la Cité pour habiter au centre de Carcassonne.

mardi 9 avril 2013

H... comme Histoire

Ou : quand la petite histoire (celle de nos ancêtres) rencontre la grande Histoire.

C'est le cas pour Jean Plancard né en 1774 à Carcassonne et soldat de l'An I dont nous avons déjà parlé ici.

Quelle ne fut pas ma surprise de le découvrir, dans son dossier de pension militaire au Service Historique de la Défense de Vincennes, soldat à la 4e 1/2 Brigade d'Infanterie de Ligne participant à la bataille d'Arcole. Passant ce mythique pont des livres d'histoire dans le sillage du général Bonaparte durant la première campagne d'Italie. Cet ancêtre a aussi participé à la bataille de Rivoli et de Castiglione avant d'être arrêté par une balle de biscayen reçu dans la jambe sur le champ de bataille d'Engen en 1800. Rendez-vous demain pour une autre facette de ce soldat?

Et que dire de Jean Pierre Félix Plancard, mobilisé à la guerre de 1870 et qui se retrouve loin de son Algérie natale lors de la reddition de Metz. Fait prisonnier dans cette ville, il est envoyé en Allemagne avant d'être libéré et de revoir son cher Blida où il se mariera et exercera la profession de restaurateur.

Enfin, il y a presqu'un siècle, Gabriel Plancard né en 1888 fut mobilisé en 1914. Grièvement blessé par deux fois, le voilà plongé au coeur de l'enfer de la Première Guerre mondiale.


lundi 8 avril 2013

G... comme Gabriel

Gabriel, c'est le prénom familial par excellence de la branche pied-noir.
Ce prénom, qui fait référence à l'archange Gabriel, messager de Dieu qui annonce à Marie la naissance de Jésus, naît à Carcassonne en 1812 avec le premier Gabriel Plancard celui-là même qui va s'installer en Algérie.

Puis ce prénom saute une génération pour échoir à mon arrière grand-père et petit-fils du premier Gabriel. Celui-ci est né à Aumale le 18 avril 1888 et décédé à L'Arba le 6 juin 1945.

Le troisième, c'est mon père et petit-fils du second Gabriel. Né à Alger le 10 novembre 1943, il est décédé le 4 septembre 2012 à Béziers.

Le quatrième devrait être son petit-fils, c'est à dire mon fils né à Metz le 17 juin 2010 qui, lui, se prénomme... Hadrien. Mais la tradition n'a pas été rompue pour autant puisque ces autres prénoms sont Christian Gabriel Antoine.

samedi 6 avril 2013

F... comme fureteur !

C'est une des qualités essentielles du généalogiste.

Même si le mot appartient au champ lexical de la chasse, en l'occurrence celui de la chasse au lapin avec un furet, le mot veut bien dire ce qu'il veut dire : ne laisser nulle place où la main ne passe et repasse afin d'en dégager l'information essentielle.

vendredi 5 avril 2013

E... comme Espagne

C'est l'origine de la famille de ma grand-mère paternelle. Avec son patronyme, Lledo, fleurant bon la Péninsule Ibérique, Irène Raymonde est née le 24 septembre 1918 à Alger. Son père Jean Baptiste, dont la famille est arrivée très tôt en Algérie, est également né à Alger où, d'ailleurs, il est mort (1892-1935). Au début du XIXe siècle, la famille Lledo, une famille de marins, est installée à Polop de la Marina, dans la province d'Alicante.
Il en va tout autrement pour sa mère Maria de la Concepción Salas. Cette dernière naquit, elle, à Monforte del Cid, dans la Province d'Alicante en Espagne le 21 février 1897 (elle décèdera à Marseille en 1971). Elle est arrivée en Algérie au début du XXe siècle grâce à l'aide de la France qui favorisait l'émigration espagnole en direction de l'Algérie.

Le couple s'est donc formé à Alger, conscient qu'il appartenait à la même région espagnole d'origine, même si c'était pour Jean-Louis, un souvenir lointain. Le premier a avoir foulé le sol algérien était son grand-père Juan né en 1804 à Polop et décédé à Alger en 1879.

Le mariage fut célébré le 6 janvier 1917 à Alger. Donc à la fin de la Grande Guerre durant laquelle Jean Louis Lledo fut marin sur le bateau de guerre "Le Saint-Louis".

Avec la lettre E, on pouvait également parler de métier et plus précisément de celui d'Epotoyeuse. Un fonction de l'une de nos ancêtres du XIXe siècle qui travaillait à Carcassonne.

Terme spécifique au travail de la laine, l'épotoyeur ou l'épotoyeuse était la personne chargée de retirer, souvent à l'aide d'une pince, les impuretés de la laine avant son cardage.

jeudi 4 avril 2013

D... comme Descendance

C'est la tarte à la crème de la généalogie.

Pourtant, à y regarder de plus près, les choses ne sont parfois pas si simples et l'arrivée jusqu'à nous, ne tient qu'à un fil :
Pour ne prendre que Gabriel Plancard (1812-1856), le fondateur de la branche en Algérie, n'eut que deux fils, Alphonse Jean-Pierre et Jean-Pierre Félix. Ce dernier n'eut pas de descendance et le premier... 11 enfants. Pour ma branche, le fils en question était Gabriel, mon arrière grand-père, qui fut blessé plusieurs pendant 14-18. Il eut trois filles et un fils. Ce fils, Alphonse Auguste, eut deux fils dont mon père qui n'eut qu'un enfant, moi. Et moi qu'un seul enfant : Hadrien.

mercredi 3 avril 2013

C... comme Carcassonne

Je n'y croyais plus. Je pensais que jamais je ne retrouverais la ville d'origine de la famille en France métropolitaine.

Et puis, au bout de dix ans de recherches, de lettres sans réponse, de coups de fil stériles et de dépouillements d'archives vains, un acte est venu m'éclairer. C'était un acte de décès, celui de Gabriel Plancard mort en 1856 et retrouvé de haute lutte en remontant patiemment la piste des Plancard en Algérie dont je ne savais rien. L'acte mentionnait sa ville de naissance et qu'il était militaire retraité. Un boulevard s'offrait alors à moi.

La lettre C ça peut-être aussi l'initiale de Couscous. Celui de ma grand-mère Irène bien sûr. Avec du poulet et des merguez. Le meilleur du monde. Dans les années 1980, elle était venue, avec son second mari, habiter Montbéliard quelques années. Le dimanche matin, après la kémia (on verra ce mot) dans les vapeurs d'anisette et de Gitane, elle mettait la table, dans les assiettes creuses : la semoule fine roulée patiemment, la viande, les légumes, le bouillon... Souvenirs, souvenirs. La généalogie est aussi faite de ça.

mardi 2 avril 2013

B... comme Bizarre !

Cet acte de naissance de Jean Plancard retrouvé grâce à la gentillesse du site " Relevés audois " et daté du 3 juin 1707 a été Rédigé par le curé de la paroisse Saint-Vincent de Carcassonne, il dit :

" Le 4e juin 1707 fut baptisé Jean fils de François Blanchard cardeur et de Paule Fages, mariés, né le 3e du même mois, parrain messire Jean Deyme, conseiller du roy et son receveur des décimes, marraine demoiselle ? Fages, présens, les témoins signés avec nous, Gaysand, curé ". (L'orthographe et la syntaxe de l'époque ont été conservés)

La bizarrerie ne tient pas à l'orthographe Blanchard, l'acte de mariage de ce Jean en 1730, la restituera comme nous la connaissons et puis, nous savons que l'orthographe des noms n'est pas encore totalement fixée.

Non, la bizarrerie vient de la qalité du parrain. Pourquoi, un personnage de haut rang devient-il le parrain du fils d'un cardeur de laine ? Mystère.

lundi 1 avril 2013

A... comme Algérie

Pendant tout le mois d'avril, un challenge généalogique a été lancé par le blog La Gazette des Ancêtres.
Il s'agit en fait de prendre l'alphabet de A jusqu'à Z et d'y associer un mot et ça, tous les jours du mois exceptés les dimanches !

Un beau défi qui doit bien évidemment, pour la famille Plancard, commencer par l'Algérie !

C'est en effet, le pays de nos ancêtres depuis 1830. Trois frères militaires ont débarqué sur les côtes algériennes à cette époque. Le premier a découvert le pays alors que les troupes débarquaient à Sidi Ferruch en ce chaud mois de juin. Lui, est revenu en France pour y fonder une famille. Le troisième, lui est venu un peu plus tard. Il s'appelait Guillaume et était né en 1815 à Carcassonne. Il mourut en 1845 à l'hôpital militaire d'El Arrouch. Une fièvre l'avait emporté.

Le troisième, duquel descend la branche algérienne, est né en 1812 à Carcassonne. Il se prénommait Gabriel et est arrivé vers 1831. Ce militaire n'a pas voulu revoir sa terre carcassonnaise. Il s'installa à Blida, s'y maria avec une parisienne et y fonda sa famille. Même s'il mourut jeune (1856)sa descendance, dont nous reparlerons, s'étend jusqu'à aujourd'hui.

A, c'est aussi l'initiale d'Alger. La ville où vécut et mourut en 1953 mon grand-Père Alphonse. C'est là que naquit mon père Gabriel (1943) et mon oncle Georges (1941).
Le Bâtiment G de la rue des Sports dans le quartier du Ruisseau peuple mes souvenirs d'enfant. La photo aérienne d'une carte postale situe l'immeuble années 1930 dans un triangle d'or : le stade municipal, le jardin d'essais et la mer.
La cour qui donne sur l'entrée, les enfants qui y jouent sous le regard aiguisé d'une voisine, les portes que l'ont ne ferme pas, l'odeur des sardines grillées... Toute une vie dont je n'ai entendu que parlé et dont je ne sais finalement pas grand chose. Un jour sans doute j'irai... avec mon fils.