lundi 26 juin 2017

V comme ... Vente aux enchères

Dans ma famille paternelle, on ne vit pas très vieux. La cinquantaine est souvent un cap infranchissable.

Alors pensez, imaginer qu'un frère de Gabriel (1813-1856) aurait dépassé 60, voir 70 ou 80 ans, ne m'a même pas effleuré l'esprit.

C'est ainsi que j'ai très vite pensé qu'Antoine Plancard, né le 22 prairial An X soit le 11 juin 1802, premier fils de mon soldat de la Révolution, n'était pas mort à Carcassonne. Mais comme, il n'y avait aucune trace de son décès dans les registres de Toulouse où est mort son fils aîné Benoît en 1920. J'avais naïvement pensé qu'il avait accueilli son vieux papa pour qu'il termine paisiblement sa vie... jusqu'à ce que j'ouvre la presse ancienne.

En effet, "La Fraternité" du 7 juin 1874 fait part de la vente aux enchères d'une maison située au 14, rue Saint-Michel, aujourd'hui rue Voltaire dans la bastide Saint-Louis. Une vente un epu particumière puisque le dit immeuble est dit "à vendre sur licitation", c'est à dire que le bien est en indivision. Une vente à la requête de Jean et de Benoît les deux fils d'Antoine Plancard. Le premier né en 1838 et le second en 1833. Leurs sœurs étant visiblement décédées en bas-âge.


Je m'aperçois aussi que la vie familiale, loin d'être au beau fixe, semble être un peu tendue. En effet, l'autre partie de l'indivision n'est autre qu'Antoine Plancard, "ancien serrurier". La vente a été ordonnée par le tribunal civil de Carcassonne en date du 5 juin 1874.

Voici la dite maison :




Cela voulait aussi dire qu'Antoine Plancard n'était pas encore décédé et qu'il avait 70 ans. Un âge canonique pour les Plancard de Carcassonne.

Cela voulait dire aussi que son épouse était sûrement décédée et que les fils réclamaient leur part.

Les archives de Carcassonne m'ont donné raison. Marie Cabal née le 13 septembre 1813 à Carcassonne et qui avait épousé Antoine le 18 mars 1833 était décédée le 4 février 1874 à 1 h du matin au 14, rue Saint-Michel.


Les déclarants ne sont pas ses fils, mais son beau-frère François.

Les archives en ligne ne vont que jusqu'en 1872. Impossible de savoir, donc si Antoine Plancard est mort à Carcassonne et surtout en quelle année.

Dans une annonce légale du "Courrier de l'Aude" du 7 mai 1895 fait état de la vente aux enchères d'une maison du 14 rue Saint-Michel. Les deux frères Plancard, réussissent enfin a vendre la maison dont la mise à prix est de 4.000 francs. Cela veut dire déjà qu'Antoine Plancard a finalement racheté la part de ses fils. Et ensuite qu'il est mort plus que nonagénaire en 1894 ou 1895 !

La vente est prévue pour le jeudi 30 mai  1895 :


La maison comporte deux étages sur un rez-de-chaussée, la maison actuelle du 14 rue Saint-Michel a donc sans doute été amputée d'un étage ou le numéro a été légèrement décalé.

Mieux, dans une autre annonce légale du "Courrier de l'Aude" du 14 mai 1895, les deux fils Plancard souhaite aussi vendre les effet d'Antoine Plancard. La vente est prévue le 21 mai 1895 "dans une maison située à Carcassonne, rue Voltaire, numéro 14, où est décédé Antoine Plancard, en son vivant sans profession".

On y vendra "Lits, buffets, armoire, glace, table, chaises, vieux canapé, fauteuil, bureau, pendule à caisse, linge, ustensiles de cuisine etc." Toute une vie aux enchères...


La maison, elle, a bénéficié d'une offre de 6.000 francs par un domestique : Jean Rivière. Mais un autre domestique, Baptiste Soubira, a fait une surenchère à 7.000 francs. Une annonce légale du Courrier de l'Aude du 8 juin 1895 le stipule :


La nouvelle audience aura donc lieu le 27 juin suivant et la mise à prix de ces enchères à la criée sera de 7.000 francs.

Et c'est Jean Rivière, domestique, qui remporte la maison d'Antoine Plancard. Je ne sais, pour l'heure, à quel prix. Il apparaît dans le recensement de la population de Carcassonne de 1901 :


Il y habite un étage avec son épouse Rosalie Nespoulet et ses deux fils Léon et Albert. L'autre étage est occupée par la famille Egehard ainsi que la Jacques Vidale et son époux et une certaine Justine Falcou.

Encore quelques heures de recherche en perspective...

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