lundi 20 juin 2016

Q comme Qui est Raymond Cuvillier, l'ami indéfectible ?

Je le connais uniquement sur des photos des années 1960 et début 1970. 
Si je suis allé aux obsèques de son épouse Isabelle, lui, je ne l'ai pas connu. Il est mort quelques jours avant ma naissance en avril 1973.

Alors qui est Raymond Cuvillier. C'est le copain de Georges Maurice Graff (1892-1916), le frère de mon arrière-grand-mère. Un copain de guerre de 14. Un copain des bons et des mauvais moments. Un copain pour la vie. Un copain qui reviendra tous les ans avec ma famille à Béthelainville dans la Meuse, le village où mourut Georges Graff.

J'ai cette photo prise sans doute fin juillet 1915 dans une tranchée non identifiée.

Georges Graff est à droite.  
Louis Raymond Cuvillier, si je m'en rapporte aux traits de l'octogénaire muni de sa canne figurant sur mes photos de famille, doit être celui du milieu.

Je me suis dit, pourquoi ne pas comparer leurs parcours ? Même si l'un survivra à 14-18 et l'autre pas.

Ils sont tous les deux nés en 1892, Raymond était l'aîné de quelques mois né le 24 mars, Georges a vu le jour le 8 juin. Le premier en Haute-Marne, à Fresnes-sur-Apance et le second dans le Haut-Rhin à Beaucourt (aujourd'hui dans le Territoire de Belfort).

Tous les deux faisaient à peu près la même taille : 1,78 m pour Raymond et 1,74 m pour Georges. Tous les deux avaient le même niveau d'instruction : 3.

Raymond est incorporé le 8 octobre 1913 au 152e RI de Colmar, il y reste un peu plus de trois mois et passe le 24 janvier 1914 au 9e RAP (Régiment d'Artillerie à Pied). C'est là qu'il rencontre Georges Graff qui y est directement incorporé le 8 octobre 1913.

Pendant plus de deux ans, leurs destins seront liés. Les deux intègrent le 13e RAC (Régiment d'Artillerie de Campagne) le 17 juillet 1915 puis le 114e RAL le 31 octobre 1915 pour Raymond et le 1er novembre pour Georges.

Un obus brise cette amitié nouée sous le feu des combats le 29 février 1916 à Béthelainville, une semaine après le début de la Bataille de Verdun.

Raymond, lui poursuit sa carrière militaire : brigadier le 25 septembre 1915, Maréchal de Logis en mars 1917, Maréchal des Logis fourrier en mai 1918, Maréchal des Logis chef en avril 1919.
Démobilisé le 25 août 1919 après six ans d'armée, il rempile plusieurs fois : Adjudant en novembre 1925, Adjudant-Chef en mars 1928. Sous-lieutenant en mars 1929, il passe au 405e régiment de Défense contre aéronefs. Il passe lieutenant en 1931 et capitaine en 1936 où il est nommé à l'état-major particulier au Parc régional d'artillerie de Metz.

Moins d'un mois après a mort de Georges, Raymond est cité à l'ordre du régiment le 18 mars 1916 : "Au cours d'un bombardement très actif de l'ennemi, n'a jamais hésité à procéder immédiatement àla visite et à la réparation des lignes fréquemment coupées". Ce qui lui vaut la Croix de Guerre avec étoile de bronze.
Plus tard, il sera fait chevalier de la Légion d'honneur.

Georges lui, se verra attribuer la Médaille militaire à titre posthume en décembre 1919 : "Excellent canonnier ayant toujours donné entière satisfaction au service de la batterie de tir. Tombé glorieusement au début de la Bataille de Verdun en février 1916 (a été cité)".

Raymond se mariera et aura un fils. Tous les ans, il viendra se recueillir sur la tombe de Georges à Montbéliard et se rendra sur l'ancien Champ de Bataille de Verdun.

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