vendredi 24 août 2012

Gabriel Plancard retourne au front

Deuxième volet de l’histoire de Gabriel Plancard. Nous l’avions laissé gravement blessé dans un hôpital de la Croix Rouge place des Peupliers à Paris.

Le 27 janvier 1915, sans doute son état s’est-il stabilisé, il est évacué sur l’hôpital 65 situé au 21 rue de Babylone à Paris dans le VIIe arrondissement. L’hôpital est tenu par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul.
Pour la petite histoire, c’est dans ce couvent et dans la chapelle dans laquelle on pénètre par la rue du Bac, que la Vierge est apparue au XIXe siècle à Catherine Labouré.

Cet hôpital contient 70 lits. Il a été ouvert le 6 septembre 1914 et fermera le 1er janvier 1919.

Voici la façade du 21 rue de Babylone :


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Sa convalescence va encore durer plusieurs mois puisqu’il ne rentre au dépôt d’Alger que le 30 août 1915. Il y va concevoir son deuxième enfant : Olga qui va naître en 1916.

Marqué profondément dans sa chair, il va rester en Algérie encore une année. Malgré les souffrances qu’il a déjà endurées, la guerre est loin d’être terminée pour lui. Il repart le 12 août 1916 et est détaché au 1er Tirailleurs Marocains à Arles et retourne au front le 27 décembre 1916.

En cette fin d’année 1916, son régiment stationne dans des secteurs réputés calmes après avoir participé à la Bataille de Verdun et s’y être couvert de gloire.

Si Gabriel Plancard n’a pas connu l’enfer de Verdun, il connaîtra l’enfer du Chemin des Dames au printemps 1917. Son régiment, ça ne s’invente pas, est commandé par le lieutenant-colonel Cimetière !

En 1918, le régiment est tous les coups durs. Le 24 février 1918, Gabriel Plancard est nommé caporal par décision su colonel et est cité à l’ordre du régiment le 24 août 1918 sans doute pour des faits d’armes remontant aux alentours du 8-10 août 1918, où le régiment s’est particulièrement illustré. La citation indique : « Bon caporal mitrailleur, a fait preuve de courage ne faisant mettre à plusieurs reprises sa pièce en batterie devant des groupes ennemis malgré le feu violent auquel il était soumis ». Cette citation lui vaut la Croix de Guerre avec étoile de bronze.

Un mois plus tard le bataillon auquel il appartient, le 8e, est en lambeaux. Tant pis, il renforce les effectifs du régiment qui attaque à La Vesle, en Champagne, le 30 septembre 1918, « 600 hommes sur 1.100 et 22 Officiers sont tombés dans cette journée du 30 septembre », stipule l’historique du régiment.

Par miracle, Gabriel Plancard en réchappe mais est blessé une fois encore mais au genou droit, cette fois, la peau et le muscle ont subi des lésions importante. Son dossier indique qu’il venait du front et qu’il a été « évacué par train sanitaire sur la 18e Région ». C'est-à-dire sur Bordeaux. La 18e Région rassemble en gros l’Aquitaine élargie. Impossible de savoir sur quel hôpital il a été dirigé.

Impossible également de savoir également combien de temps il reste dans cet hôpital avant de retrouver la terre algérienne. Sans doute jusqu’au 24 mars 1919, date à laquelle il passe au 3e Tirailleurs algériens et est mis en congé illimité. Sa fiche matricule indique qu’il se retire à Seddouk.

Mais son histoire ne s'arrête pas là...

La suite au prochain billet.



dimanche 12 août 2012

Gabriel Plancard, vaillant soldat de 14

Il ne s’agit pas ici du Gabriel Plancard qui s’est installé en Algérie après avoir participé à la conquête de ce Pays. Il s’agit de son petit fils, enfant d’Alphonse Jean Pierre Plancard et de Marie Félicité Sellier dont voici la photo (Merci à Robert Dessarps pour la photo) :


Gabriel Plancard est né le 18 avril 1888 à Aumale. Ses parents, cultivateurs sont domiciliés à Bir Rabalou, canton d’Aïn Bessem dans le département d’Alger.

Au moment du conseil de révision, Gabriel Plancard, auquel nous consacrerons trois billets, est dit cultivateur et domicilié « aux Trembles » dans le canton d’Aïn Bessem. Il mesure 1,72 m (ce qui est grand pour l’époque).

Il est incorporé le 8 octobre 1909 au 1er Régiment de Zouaves qui cantonne à Alger. Il termine son service militaire deux ans plus tard le 24 septembre 1911 avec un certificat de bonne conduite. Il reprend alors ses activités civiles et retourne à la terre. Il réside d’abord à Aboutville au lieu-dit "Aux Dessus" puis chez ses parents à Aïn Bessem. Il est l’aîné des garçons d’une fraterie de 10 enfants !

Quelques mois avant la mobilisation d’août 1914, il réside au « Moulin Bury » à Bir Rabalou avec son épouse Marie Antoinette Barge. Son premier fils, mon grand-père Alphonse Auguste Plancard est né le 31 juillet 1913.

Le 3 août 1914, il rejoint son régiment, le 1er Zouaves , dont vous pouvez écouter la marche et lire les paroles sur ce site. Voici le premier couplet :

Sous le soleil brûlant de l'Algérie,
Notre Etendard flottait calme et vainqueur.
Au cri d'appel de la mer Patrie
Du nord, il vole affronter la rigueur.
Va ! Déployer au vent de la Crimée
Tes plis sacrés, ô mon noble drapeau,
Déjà noirci de poudre et de fumée
Au premier rang, tu seras le plus beau.

Il est dirigé vers les armées le 20 août 1914 et fait partie du 4e bataillon venu d’Algérie. Vous pouvez consulter l'Historique du 1er Zouaves sur ce site

Il connaît tout de suite le baptême du feu dans le Nord de la France. Courant décembre, il se bat Côte 60 lors de la bataille de l’Yser. Je vous laisse découvrir l’endroit et son histoire en cliquant ici.

Les combats sont d’une rare violence et Gabriel Plancard est très grièvement blessé le 10 décembre 1914 à Roclincourt, une petite ville du Pas-de-Calais. La mention fait état de « plaies parties extérieures des cuisses droite et gauche par éclat d’obus et Schrapnel. Impotence bras gauche ». La mine Schrapnel fait d’énormes dégâts, c’est un obus renfermant des dizaines de balles à l’intérieur. Voici un article sur la question

Immédiatement évacué, le dossier médical de Gabriel Plancard mentionne qu’il est admis le 13 décembre 1914, soit trois jours après sa blessure, à l’hôpital auxiliaire 12. Cet hôpital est situé Place de Peupliers à Paris dans le XIIIe arrondissement. C’est un hôpital de la Croix Rouge. Aujourd’hui, il s’agit de l’hôpital privé des Peupliers et la place a changé de nom, elle est devenue place de l’abbé Hénocque.

En voici la façade actuelle :


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Son dossier d’admission stipule « Plaies cuisses droite et gauche – au front – au bras gauche ». Laconique mais informatif. Il est installé dans le lit n°11 de la salle 3. Il va rester plus d’un mois dans cet établissement chirurgical.

Rendez-vous dans quelques jours pour la suite...