mercredi 14 octobre 2015

Toute une famille dans un livret et une photo émouvante

Au contraire de l’acte d’option pour la nationalité française de mon arrière arrière grand-père Vincent Lledo, dont je ne soupçonnais même pas l’existence (voir le billet que je lui ai consacré), je pensais que le livret de famille de son fils était perdu corps et bien.

Son fils, Jean, c’est mon arrière-grand-père que je n’ai pas connu. Ni son épouse non plus, décédée deux ans avant ma naissance en 1971 à Marseille. Longtemps j’ai entendu parlé d’elle par mon père. A Alger vers 1954, elle s’installe au Bâtiment G de la rue des Sports, à un jet de ballon de foot du stade municipal et du Jardin d’Essai. Au Bâtiment J vit le frère de ma grand-mère, Vincent Lledo et son épouse.

En 1962, elle viendra vivre à Cuges-les-Pins (13) dans l’appartement de ma grand-mère et de son second mari Pierre Lubrano-Lavadero.

Finalement je ne connaissais le mariage de mes arrière-grands-parents que par un acte demandé à l’état-civil de Nantes il y a longtemps.

Il y a quelques semaines, j’ai touché du doigt la réalité de leur mariage célébré à Alger le 6 janvier 1917.

En voici la couverture :



Une union entre Jean Lledo né le 7 mars 1892 à Alger, profession tailleur, fils de feu Vincent et de Pallares Marie de la Conception (l’orthographe du livret de famille a été respecté) et Maria de la Concepcion Salas, né le 21 février 1897 à Monforte (Del Cid) Espagne, fille de Manuel et de Maria de la Concepcion Alberola.



Rien que je ne savais déjà. Sauf que dans un angle est inscrit la date du mariage religieux : 5 mars. Deux jours avant le 25e anniversaire de l’époux et quelques jours après le 20e anniversaire de l’épouse.

Sur la seconde page sont inscrits les dates de décès des époux : 24 avril 1935 à Alger pour lui et 23 mai 1971 à Marseille pour elle.



Puis les pages concernant les trois enfants. L’aîné d’abord : ma grand-mère Irène Raymonde né le 24 septembre 1918 à Alger, 6 rue de l’Orangerie. Et, inscrit à la main, la date et le lieu du baptême que je ne connaissais pas : 26 janvier 1919 (à l’âge de 4 mois) en l’église Saint-Bonaventure d’Alger.

Même chose pour son frère Vincent né le 1er mars 1920 au 6, rue de l’Orangerie à Alger et baptisé le 4 avril 1920 soit un mois après sa naissance.

Enfin la dernière sœur : Louis Marie dite Louisette né le 29 août 1929 à 16 h 50 au 6, rue de l’Orangerie à Alger et baptisée le 15 septembre 1929 dans une église dont le nom est illisible.



On constate donc que le frère a été baptisé plus jeune que ses sœurs. Craignait-on pour sa vie ? Peut-être.

Une vraie mine d’informations donc que ce livret qui a traversé un siècle, des guerres, des voyages sans trop de dommage. Une pièce administrative pieusement conservée contre vents et marées.


Pour en finir avec les mariages et les choses qui voyagent et que l’on garde pieusement : en voici une autre toute aussi émouvante. Glissée dans une pochette parmi les documents que j'ai reçus, il y avait une photo d’identité de ma grand-mère Irène sans doute âgée d’une vingtaine d’années. On l’y voit souriante, très brune et vêtue d'un manteau :



Une photo prise après son mariage de 1937 à Alger, peut-être même juste avant la naissance de son premier fils. Une photo de 1939 ou 1940. Une photo qui a aussi voyagé en suivant sans doute mon grand-père Alphonse Plancard au moment de sa mobilisation lors de la Seconde Guerre mondiale. 

Car si l'on retourne la photo on y lit ces mots presque effacés : "(...) mari adoré, ta femme pour toujours. Irène".