Après le décès de mon père Gabriel Plancard en 2012, son épouse m'a confié une petite sacoche marron que je lui avais toujours vue. Il n'y mettait pas ses papiers d'identité mais des lettres et des documents importants.
A l'intérieur, j'y ai trouvé des lettres, une grosse vingtaine, et des cartes postales. La première enveloppe émane de Marseille de son frère Georges et date de décembre 1978, la dernière a été écrite le 28 septembre 1987 par ma grand-mère Irène née Lledo qui habitait Béziers. Elle est décédée le 15 novembre 1987, soit un mois et demi après la rédaction de cette lettre.
Que de souvenirs.
J'y ai également trouvé une des cartes postales que je lui avais envoyée il y a maintenant 34 ans... le 19 août 1982. J'étais alors en vacances avec mes grands-parents maternels en Normandie dans le secteur des plages du débarquements.
Elle montre Utah-Beach, la Pointe du Hoc, Sainte-Mère Eglise et Arromanches. C'est d'ailleurs de cette dernière localité que la carte est partie.
J'avais 9 ans et je me souviens l'avoir écrite à la terrasse d'un café. Il faisait beau.
Il y a peu, pour mes 40 ans, je suis retourné dans la Manche, sur ces mêmes lieux avec mon fils.
Dans cette fameuse sacoche, j'ai aussi retrouvé le livret militaire de mon père. La couverture est rafistolée au ruban adhésif mais la photo est intacte et le montre jeune homme (il n'a pas encore 20 ans), le cheveu ras et la moustache tombante.
J'y apprends qu'il s'est engagé pour deux ans le 2 janvier 1962 (Il avait tout juste 18 ans puisqu'il est né le 10 novembre 1943) devant l'intendance militaire d'Alger ville où il est né. Il s'engage en pleine guerre d'Algérie et est incorporé à la 10e SIM (Section d'Infirmiers Militaires), puis est dirigé sur la 102e et enfin la 14e.
J'y trouve aussi le dernier jour passé sur la terre d'Algérie : le 23 novembre 1963 (il vient d'avoir 20 ans). Il embarque sur le paquebot Djebel Dira à destination de Marseille où il débarque le lendemain, 24 novembre 1963 avec son seul paquetage militaire. Il ne sait pas où loge sa mère et son beau-père. C'est ce dernier, ancien de la marine marchande, qui vient voir sur le port de Marseille chaque fois qu'un bateau arrive d'Alger.
Détruit en 2009, le Djebel Dira avait été construit en 1948 et appartenait à la Compagnie de navigation mixte. Il réalisa des liaisons entre Marseille et Casablanca. Il s'est appelé Phoenix et Melody et a battu pavillon grec et hondurien.
Je ne pourrai jamais monter à son bord.
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