Et l'histoire des familles n'échappe pas à la règle.
Concernant ma famille paternelle, cette cassure intervient dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. J'étudie à la loupe les Plancard de Carcassonne depuis de nombreuses années, je me doutais donc que le point de rupture se situait à cette période. Mais je n'avais pas de preuve assez fiable pour l'affirmer.
Bien sûr, il y avait ce Jean Plancard, né le 3 juin 1707 dans la paroisse Saint-Vincent de Carcassonne. Il avait pour parrain Jean Deyme, "conseiller du roi et son receveur des décimes". A son mariage en 1730, il sait parfaitement signer. J'avais d'ailleurs écrit un billet à l'occasion du ChallengeAZ 2013
Il semblait donc avoir une certaine assise sociale.
Et puis, à l'occasion de la mise en ligne de relevés collaboratifs sur Généanet, je suis tombé sur un acte de la paroisse Saint-Michel concernant Claude Plancard, mort le 20 juillet 1768 :
Cet acte est disponible en ligne sur le site des archives de l'Aude en cliquant sur cette légende |
Né vers 1738, Claude Plancard était drosseur (ou drousseur) qui est, selon le Littré : un "Ouvrier dont l'emploi est d'engraisser la laine avec de l'huile et de la carder avec de grandes cardes de fer".
Si cela nous éclaire sur sa profession, l'acte nous donne un renseignement capital : Claude Plancard a été "inhumé dans l'église", c'est-à-dire l'église Saint-Michel (alors qu'il était de Saint-Vincent), qui est actuellement la cathédrale de Carcassonne dans la "Bastide Saint-Louis".
La cathédrale Saint-Michel de Carcassonne par Jondu11 Travail personnel, CC BY-SA 3.0, Lien |
L'inhumation à l'intérieur d'une église au XVIIIe siècle est très réglementé. Si le chœur est traditionnellement réservé à la noblesse, des emplacements dans la nef et les collatéraux sont réservés à des notables ou des personnes ayant des responsabilités dans l'église. Et ceci moyennant finances. Plus on se rapproche du chœur et plus les places sont chères. Des places qui sont gérées par le conseil de fabrique.
En revanche, à la génération suivante, il en va tout autrement.
En 1776, Jean Plancard (1735-1793), le grand-père de Gabriel (1812-1856), mon ancêtre direct, celui qui va fonder la branche en Algérie, perd une petit fille, Guillaumette. Née le 16 novembre 1775, elle décède le 30 mars 1776 à l'âge de 4 mois.
Cet acte est disponible en ligne sur le site des archives de l'Aude en cliquant sur cette légende |
"Le trente unième mars de l'an cy dessus a été inhumée dans le cimetière guillaumette, fille de jean plancard garçon tondeur et de marie oulive mariés, née depuis quatre mois et morte le jour d'hier; présens les soussignés avec nous".
Ce bébé est donc enterré dans le cimetière, qui doit jouxter l'église, et non plus dans l'église. Il en sera de même pour tous les autres membres de la famille.
Pour faire simple, les Plancard de Carcassonne ont sans doute connu un revers de fortune. La raison, nous ne la connaîtrons sans doute jamais. A savoir aussi que Louis XVI va interdire, pour des raisons d'hygiène, les inhumations dans les églises, mais l'édit ne sera appliqué que progressivement dans toutes les provinces.
Reste maintenant à se rendre à la cathédrale Saint-Michel pour voir si le dallage ne comporte pas encore des traces de ces inhumations. Passionnant.
2 commentaires:
Cela serait incroyable et fantastique de trouver encore quelques traces dans l'église : regardez bien partout, au sol, dans les pierres, sur les croix... On ne sait jamais !
Merci pour votre commentaire. Oui ce serait incroyable de retrouver des traces dans la cathédrale. Je vais la passer au peigne fin ! J'en ferai un billet lorsque ce sera fait.
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